Aucun observateur n'oserait affirmer objectivement que la banque est un secteur extraordinairement innovant mais beaucoup estimeraient cependant qu'elle est dynamique et sait faire preuve de créativité. Pourtant, quand Lloyds Bank résume un demi-siècle d'avancées, il faut se rendre à l'évidence : le changement est lent et modeste.
Nul ne pourra m'accuser de parti pris critique dans cette analyse puisque le point de départ de cette réflexion est une liste, assemblée par la prestigieuse institution financière britannique, de six grands progrès accomplis par l'industrie, décennie par décennie, depuis les années 70 jusqu'à aujourd'hui. Affichés comme les jalons d'une « histoire des innovations bancaires », ils sont donc supposés représenter ses évolutions les plus remarquables, celles qui devraient passer à la postérité. Qu'en est-il ?
Au début, rien à redire sur les premières ruptures enregistrées. Conçus et développés exclusivement dans et pour l'univers de l'argent, le distributeur automatique de billets puis les cartes de paiement ont effectivement transformé les habitudes de millions de consommateurs et leur prédominance dans le monde contemporain illustre leur impact durable sur nos sociétés. Malheureusement, après ces deux innovations majeures, l'imagination tombe rapidement en panne pour identifier quelques idées originales.
Années 90 : banque par téléphone. Années 2000 : consultation du solde de compte par SMS. Années 2010 : applications sur smartphone (et paiement mobile). Années 2020 : interface conversationnelle. Chacun de ces ajouts (sauf un) n'est qu'une adaptation des options de relation clientèle aux nouveaux supports disponibles, dans une logique qui relève surtout du suivisme technologique, en réaction aux bouleversements des comportements des usagers inspirés par d'autres catégories d'acteurs.
Certes, ils sont utiles, et appréciés, mais il n'ont provoqué aucun bouleversement dans les activités de base ni dans leur perception par les clients. D'autant moins que ces facilités d'interaction supplémentaires sont régulièrement présentées comme des compléments à l'étalon que constitue toujours le contact avec un conseiller, en agence. À tel point que quand l'adoption des outils numériques s'emballe, les établissements peinent à ajuster leurs dispositifs, révélant leur absence de vision à long terme.
En résumé, il apparaît que le secteur bancaire n'a pas connu d'innovation digne de ce nom ces quarante dernières années… et la raison en est plus le conservatisme ambiant que le manque d'opportunités. La finance enfouie, le conseil proactif automatisé, le bien-être financier… risquent d'attendre encore longtemps avant d'être sérieusement appréhendés. Il faut en outre admettre que la FinTech, essentiellement focalisée sur la « digitalisation » des métiers historiques, a aussi du mal à s'emparer de ces sujets.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Afin de lutter contre le spam, les commentaires ne sont ouverts qu'aux personnes identifiées et sont soumis à modération (je suis sincèrement désolé pour le désagrément causé…)