Une jeune pousse qui voulait révolutionner la vente de véhicules d'occasion et qui finit, comme plusieurs de ses consœurs, par jeter l'éponge… sauf en ce qui concerne sa filiale de financement, avec laquelle elle espère rebondir. N'y aurait-il pas là une leçon à tirer pour les banques qui rêvent d'extension dans des domaines adjacents ?
La mésaventure est, en soi, banale. Vroom est née il y a dix ans avec l'ambition de faire basculer un métier centenaire dans l'ère digitale. Malheureusement, sa plate-forme d'achat et de vente de voitures n'a pas réussi à trouver sa place dans un marché peut-être plus conservateur qu'elle ne l'imaginait. Elle abandonne donc celle-ci, licenciant au passage 90% de ses effectifs… mais maintient son activité de financement automobile (avec une autre), afin de maximiser sa valeur auprès de ses actionnaires.
Peut-être les dirigeants de l'entreprise – cotée au Nasdaq, donc surveillée – sont-ils optimistes, mais, de toute évidence, leur décision stratégique démontre que les résultats obtenus à ce jour avec United Auto Credit paraissent suffisamment prometteurs pour éviter la fermeture pure et simple. Dans un contexte qui n'est pourtant pas particulièrement favorable au secteur (plusieurs grandes enseignes se sont récemment désengagées), il faut croire qu'il existe des opportunités encore mal adressées.
Les implications d'une telle perspective méritent d'être approfondies quand on considère l'engouement dont font aujourd'hui preuve une multitude de banques, un peu partout dans le monde, pour les démarches dites « beyond banking » consistant à proposer à leurs clients des solutions hors du strict spectre financier, dont les plus populaires ciblent l'achat immobilier et la mobilité. Et, dans ce dernier registre, il s'agit généralement de créer une place de marché de vente de véhicules (avec financement, bien sûr)…
Au vu de l'expérience de Vroom, le doute est probablement permis quant à la performance à long terme de ce genre de diversification. Mais, après tout, peut-être l'argument de la confiance – dont bénéficieraient les établissements conservant notre argent et qui stimulerait leur rôle d'intermédiaire dans des transactions importantes – conjurera-t-il les augures. En revanche, ils devraient certainement s'interroger sur leurs positions au sein même de leur pré carré… et ce devrait être une priorité absolue.
Qu'un nouvel entrant qui, initialement, développait peu ou prou la même approche que ces adeptes du « beyond banking » se décide à focaliser tous ses efforts sur le crédit, en estimant y avoir une chance de se différencier, devrait en effet les alerter sur une lacune majeure de leur vision : avant de s'engager dans des chemins de traverse de manière crédible, il leur faut d'abord impérativement être en mesure d'offrir le nec plus ultra dans leur cœur de métier. Or ce n'est visiblement pas (ou plus) le cas maintenant.
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