Alors que la désertification bancaire continue à progresser au Royaume-Uni, une enseigne affirmant sa résistance au mouvement de fermeture d'agences et qui possède désormais le réseau le plus étendu, Nationwide, explore les moyens d'en maintenir la raison d'être, quitte à déployer des services sans rapport avec son métier.
Au fil des années, les implantations sous-exploitées se sont parfois transformées en vitrines du commerce local, en salons de thé, en lieux de travail partagés, en incubateurs de startups… La nouvelle proposition que rejoignent 400 succursales de Nationwide (comme, avant elles, celles de TSB) consiste à en faire des espaces d'accueil sécurisés pour les victimes de violences et autres abus domestiques, dans le cadre de l'initiative « Safe Spaces » portée par une association spécialisée (Hestia).
Le principe est très simple : les victimes sont invitées à solliciter l'assistance d'un employé dans l'une des agences participantes – sachant que l'ensemble des salariés du réseau a préalablement bénéficié d'une formation spéciale pour identifier les symptômes et offrir un soutien – et, outre l'opportunité de se confier, se voient alors mettre à leur disposition une pièce isolée, et un téléphone, si nécessaire, de manière à leur permettre de contacter en toute discrétion un proche ou un organisme susceptible de les aider.
Dans l'absolu, au vu de l'ampleur du problème considéré, la démarche ne peut être que saluée. En effet, selon une enquête de l'institution, environ un(e) britannique sur quatre aurait vécu une situation de violence domestique et encore autant connaîtrait au moins une personne concernée. Or les finances du ménage représentent fréquemment (pour un quart des cas) le principal vecteur d'assujettissement mis en œuvre. L'industrie financière est donc plus ou moins directement impliquée dans le combat.
Qu'il s'agisse de la prise de contrôle sur les moyens de paiement, d'espionnage sur les dépenses, de dissimulation de fonds, de signatures forcées sur des contrats de crédit ou des procurations, qui sont les trois techniques d'emprise les plus courantes, tout passe, à un moment ou un autre, par la banque, qui pourrait donc contribuer à la protection des victimes. Qui plus est, presque la moitié de la population se déclare (étonnamment) encline à aborder le sujet avec un collaborateur dédié de son établissement.
Aussi bénéfique soit-elle pour la communauté, l'initiative de Nationwide souligne cruellement les défis auxquels sont confrontés les réseaux d'agence dans notre monde « digitalisé ». Les tentatives d'adaptation à des activités diverses et variées montrent clairement que leur fonction première ne suffit plus à justifier leur existence. En généralisant la perspective, ils pourraient alors devenir des relais de services publics ou semi-publics (comme on l'évoque aussi régulièrement pour les bureaux de poste). Mais qui assumera le modèle économique d'une telle évolution ?
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