Désormais facile à implémenter, notamment dans la gestion de finances personnelles, l'analyse de données est capable d'une objectivité idéale en vue de suppléer aux limitations de la psychologie humaine, mal équipée pour appréhender concrètement les événements futurs. Pourquoi les banques hésitent-elles à en généraliser l'usage ?
L'australienne NAB, qui s'apprête à faire un petit pas dans la bonne direction, a réalisé une enquête qui permet de se fixer les idées : bien qu'une majorité des citoyens estiment maîtriser leurs dépenses, il s'avère qu'un quart d'entre eux ont manqué au moins une échéance de facture au cours du trimestre précédent. Et ce ne sont pas toujours les plus démunis qui sont concernés, puisque les principaux « coupables » se situent dans la tranche de revenus de 75 000 à 100 000 dollars tandis que ceux percevant entre 35 000 et 50 000 dollars sont les moins « délinquants ».
Afin de leur éviter les désagréments – du simple embarras à la suspension du contrat, en passant par le stress induit et les frais encourus – d'un impayé sur leurs services de téléphonie, d'accès internet (les catégories les plus fréquentes), d'électricité, de gaz ou d'eau…, la banque déploiera prochainement un espace, intitulé « Upcoming », dans son application mobile au sein duquel sera présentée une estimation des charges à venir dans les 30 jours suivants, telles qu'elles peuvent être prédites à travers un décryptage des transactions récurrentes enregistrées dans l'historique des comptes.
D'un point de vue technique, la mise au point d'un tel système n'est guère complexe : nul besoin de recourir à des modèles d'intelligence artificielle, des algorithmes de traitement des données feront l'affaire, d'autant plus que l'objectif n'est pas de garantir une exactitude à 100% mais tout au plus de sensibiliser l'utilisateur à l'imminence d'une ponction sur son budget et, le cas échéant, l'impératif de procéder au règlement de la somme due. C'est pourtant ce caractère approximatif de l'information qui freine souvent les initiatives, dans des entreprises où une imprécision d'un centime est intolérable.
Il s'agit d'ailleurs, selon toute probabilité, de la raison pour laquelle NAB isole ses prédictions dans son logiciel, alors qu'elles auraient naturellement un impact beaucoup plus puissant, notamment par leur capacité à attirer immédiatement l'attention des mobinautes, si elles étaient directement intégrées, d'une manière ou d'une autre, dans l'affichage du solde et/ou de l'historique d'opérations, qui sont universellement les plus consultés. Et ne parlons pas de l'hypothèse d'associer des alertes à ces mouvements anticipés, qui accroîtraient singulièrement leur utilité au quotidien.
Aider les personnes à appréhender l'avenir est, pour la plupart d'entre elles, une des premières conditions de leur bien-être financier. Avant même d'encourager l'épargne et l'investissement, en vue de faire face à un imprévu ou de concrétiser un rêve à long terme, leur offrir un surcroît de visibilité sur leur budget est susceptible de leur apporter un peu de sérénité et de confiance dans leur relation à l'argent, profitable à tous. Pourquoi une telle approche est-elle encore si rare dans les outils bancaires ?
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