Dans un monde où le travail salarié laisse de plus en plus la place à d'autres formes d'emploi, les banques apprennent progressivement à adapter leurs offres. Au-delà de sa faculté d'accorder des prêts immobiliers aux populations sans CDI, le CIC introduit maintenant des conditions plus flexibles, correspondant mieux à leur situation.
Historiquement, les entrepreneurs individuels, les intérimaires, les détenteurs de contrats à durée déterminée, les travailleurs saisonniers, les intermittents du spectacle… ont toujours rencontré des difficultés à satisfaire les critères d'attribution de crédit des institutions financières, conçus avant tout pour ceux occupant un poste stable, aux revenus réguliers et prévisibles. Mais avec 4 millions d'actifs concernés à ce jour, ils représentent désormais un marché impossible à ignorer plus longtemps.
Comme d'autres établissements, le CIC a d'abord dû définir de nouveaux modes d'évaluation de la capacité de remboursement et la fiabilité de ces emprunteurs potentiels afin de pouvoir leur proposer des solutions et mettre un terme à une discrimination intolérable. Mais, et c'est plus rare, il a ensuite prolongé sa réflexion en appréhendant les spécificités de cette clientèle, en termes de fluctuations des rentrées d'argent, et en cherchant alors à personnaliser son produit en conséquence.
Concrètement, ces demandeurs, qui doivent tout de même justifier d'un contrat ou d'un statut officiel avant de soumettre leur dossier, sont donc jugés non plus sur leurs bulletins de salaires mais sur leur ancienneté professionnelle, l'évolution de leurs revenus, leur comportement d'épargne (les deux derniers déterminés à partir de leur historique de transactions)… Puis, une fois le contrat signé, ils disposent d'options d'ajustement de leurs mensualités selon l'état de leurs finances personnelles.
Ils ont ainsi la possibilité, jusqu'à 10 reprises pendant toute la durée de leur crédit, sans aucun frais supplémentaire et sans avoir à fournir la moindre explication, de moduler le montant de leurs échéances pendant 1 à 4 mois, à la hausse comme à la baisse (jusqu'à un maximum de 50%). Dans un effort de transparence bienvenu (et, en fait, indispensable) et de manière à permettre une prise de décision éclairée, l'impact de ces modifications sur le coût total de l'opération est clairement exposé.
Aussi utile et pertinent soit-il, le système n'est pas exempt de quelques limitations dommageables. En particulier, je regrette qu'ils soit exclusivement réservé aux clients fidèles, c'est à dire ceux dont la relation avec le CIC a au moins 3 ans d'ancienneté. Cet obstacle est d'autant plus susceptible de critique s'il est imposé en raison du besoin d'analyse comportementale sur les comptes… qui serait tout à fait envisageable quelle que soit leur domiciliation grâce aux incontournables API de banque ouverte.
Notons qu'une éventuelle extension vers les prospects se heurterait à une autre restriction (consternante), alors même qu'une de ses promesses (dont il vaudrait de vérifier la matérialité et la portée réelle) réside dans l'accès au prêt sans avoir à se déplacer : le portail web de la banque ne propose aucun simulateur de crédit immobilier digne de ce nom à moins d'être connecté en tant que client (seule une calculette des mensualités en fonction d'un taux d'intérêt est disponible).
En tout état de cause, l'initiative du CIC est un immense progrès pour les intéressés, qui réclament depuis longtemps que leur situation professionnelle soit reconnue et prise en compte, et cesse de constituer un handicap insurmontable dans un des actes les plus importants de leur existence. Il restera dorénavant à se préoccuper du sort d'une autre catégorie de travailleurs maltraités, dont le nombre est aussi en hausse : ceux qui complètent leurs revenus via une activité d'appoint exercée en indépendant…
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