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C'est pas mon idée !

lundi 1 février 2021

La collaboration banque-fintech en ses limites

BPCE
Vous souvenez-vous de cette annonce, en juin 2018, d'une collaboration inédite et exemplaire entre le groupe BPCE et la star britannique de la FinTech TransferWise ? Pour ma part, j'avoue l'avoir oubliée… jusqu'à cette récente communication du Crédit Coopératif présentant sa déclinaison du service de transferts internationaux.

Après tout, il n'est pas si fréquent de voir aboutir une opération de ce genre, entre un important établissement traditionnel et une jeune pousse offrant un produit financier complet, et non uniquement une plate-forme technologique destinée à s'insérer dans le système d'information existant. Le cas est d'autant plus intéressant qu'il concerne un domaine où la menace concurrentielle conduit d'autres géants du secteur – Santander, HSBC… – à se ridiculiser dans des tentatives de clonage désespérées.

Alors, succès sur toute la ligne ? Il serait malheureusement excessif de l'affirmer. Certes, les clients de l'institution bénéficient dorénavant, au sein de leur application mobile habituelle, d'une option à l'état de l'art – rapide (voire instantanée), économique et universelle – pour tous leurs virements hors zone euro. Et, incontestablement, ce simple résultat représente une réussite majeure, qui mérite d'être soulignée. En revanche, la mise en œuvre du partenariat laisse sérieusement à désirer, sur plusieurs plans.

Tout d'abord, il semblerait que les premiers déploiements à vaste échelle de TransferWise n'aient commencé, dans les enseignes principales Banque Populaire et Caisse d'Épargne, qu'au cours de l'été dernier, soit deux ans après la conclusion de l'accord initial, alors que la promesse d'alors évoquait une échéance au début de 2019. Un tel délai, s'il n'est pas entièrement surprenant, révèle tout de même l'ampleur de la difficulté persistante pour une structure historique à faire preuve de réactivité et d'agilité.

TransferWise au Crédit Coopératif

Le constat prend une tournure particulièrement dramatique quand on réalise que l'enjeu ne porte pas sur une quelconque complexité technique. Car, et il s'agit du second facteur de déception de l'initiative, l'intégration des fonctions de TransferWise dans les logiciels des banques est conçue a minima, au niveau des interfaces web (illustration à découvrir dans la vidéo incluse ci-dessous, dans sa version Banque Populaire). L'expérience utilisateur ne profite donc guère de la relation instaurée entre les deux entreprises.

En pratique, le client BPCE qui choisit l'option sur son smartphone est redirigé vers le site de la startup, où il va suivre le parcours qui lui serait proposé s'il avait téléchargé l'application originale. Il devra notamment créer un compte avant d'effectuer sa première transaction, comme un individu lambda, et, s'il choisit de transmettre les fonds par virement depuis son compte, il ne dispose d'aucune facilité spécifique (une préparation de l'opération, qu'il ne lui resterait qu'à valider, constituerait un minimum).

Aujourd'hui, les institutions financières clament qu'elles brûlent de renforcer leurs capacités d'innovation en capitalisant sur les apports de la FinTech. Il leur manque cependant encore bien des qualités pour y parvenir. Comme toujours, l'idée seule est loin de suffire et le plus difficile réside dans l'exécution. Concrètement, le stade atteint par BPCE avec TransferWise tient d'un MVP développé en 3 mois, qui aurait maintenant dû évoluer vers une immersion (par API) de l'expérience, transparente pour l'usager.

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