Au premier abord, l'introduction d'une carte prépayée dans le catalogue du trublion du trading Robinhood peut donner l'impression de constituer une étape vers une diversification déjà observée par le passé dans d'autres domaines de la FinTech. Mais il n'en est rien. Elle est parfaitement alignée avec la stratégie historique de la startup.
Jusqu'à maintenant, ses clients disposaient d'un compte unique autorisant la cohabitation d'une réserve de liquidités et de leur portefeuille de titres, principalement dans le but de faciliter les opérations boursières. Progressivement, cet arrangement va donc laisser place à la nouvelle « Cash Card », qui non seulement sépare les deux volets de manière plus étanche mais fournit en outre, de toute évidence, des fonctions de paiement, assorties de quelques avantages spécifiques destinés à en encourager l'usage.
Passons sur les reversements accordés sur les achats auprès d'une sélection de commerçants, qui devraient arriver prochainement, réminiscents des programmes de récompense des cartes de crédit. Robinhood propose également un dépôt anticipé des salaires à ceux qui auront domicilié ces derniers sur leur compte et un mécanisme, bien connu, d'épargne des arrondis qui invite à transformer les centimes grignotés sur les dépenses en investissement, et s'enrichit ici de bonus (ludiques) hebdomadaires.
Comme toujours, la motivation brute de la démarche réside d'abord dans une volonté d'inciter plus d'utilisateurs à réaliser plus de transactions, de manière à stimuler le développement de l'activité de la jeune pousse. En arrière-plan, sont plus particulièrement visées les jeunes générations, parfois hésitantes à s'aventurer sur un terrain intimidant, qui se voient ainsi offrir des opportunités de mettre un pied à l'étrier sans prendre de grands risques et de s'accoutumer progressivement aux arcanes de la bourse.
Cependant, derrière le cynisme commercial dont on peut aisément soupçonner Robinhood, une autre lecture, beaucoup plus intéressante, est possible. En effet, les ressorts auxquels elle recourt sont plus ou moins les mêmes qui sont nécessaires afin d'inculquer des gestes d'épargne à des consommateurs débridés : commencer tôt, même avec de petites sommes, mettre de côté régulièrement, préserver une partie des revenus dès leur perception (une option aussi incluse avec la Cash Card)…
Or, selon cette perspective, ce que nous démontre l'initiative de Robinhood, pour ceux qui en douterait encore, est qu'une telle approche ne peut être efficace que moyennant une intégration entre comptes de paiement et d'investissement, qui, si on souhaite couvrir tous les piliers de la santé financière, mérite d'être étendue à l'épargne en général et aux crédits. Seule une vision consolidée de la situation et des mouvements peut réellement aider l'individu à adopter des réflexes vitaux. Le plus cocasse est que, sur ce plan, les banques sont idéalement placées… mais qu'elles ne profitent pas de l'aubaine.
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