Quelques institutions financières ont ouvert la voie à l'affichage de l'empreinte carbone des transactions du quotidien. La britannique NatWest se penche dorénavant sur une des principales sources d'émissions des ménages : leur logement. Mais, comme toujours, le chemin sera long pour espérer en voir émerger un impact positif.
Au-delà d'une préoccupation générique pour l'environnement, le contexte se prête idéalement à la démarche de la banque. En effet, le suivi de l'attitude des acheteurs immobiliers qu'elle a récemment mis en place révèle l'attention particulière qu'ils portent à la performance écologique de leurs logements (qui n'est probablement pas sans lien avec l'augmentation des coûts de l'énergie des derniers temps). Elle se traduit notamment par un intérêt marqué pour les indices d'efficacité « EPC », valides 10 ans, dont la fourniture est obligatoire lors de la construction, de la vente et de la location.
De son côté, l'établissement s'est également fixé pour objectif de financer en priorité les habitations vertes, en s'appuyant sur le même indicateur (il vise 50% de biens notés entre A et C, sur une échelle allant jusqu'à G, dans son portefeuille de prêts hypothécaires, d'ici à 2030). Fort de ses convictions, il met donc à la disposition de ses clients la dernière mesure « EPC » connue pour leur propriété (collectée lors de la transaction initiale puis, certainement, extraite du registre public) sur leur portail en ligne de gestion de crédit.
Le raisonnement sous-jacent est classique : un rappel permanent du relevé constitue un facteur de sensibilisation susceptible d'alerter sur de possibles actions à entreprendre. Cela semble tout de même un peu court, d'autant que d'innombrables opportunités complémentaires tendent les bras à la banque pour aller plus loin et, entre autres, démultiplier les incitations à engager des travaux d'amélioration (que beaucoup de consommateurs se déclarent d'ailleurs déterminés à réaliser à moyen terme).
En prolongeant les efforts, il serait ainsi envisageable de combiner l'identification d'une résidence au score médiocre avec une analyse des comptes bancaires du propriétaire afin de déterminer quelques causes de cette situation et de suggérer des solutions de remédiation adaptées. Pourquoi ne pas imaginer, par exemple, d'encourager le renforcement de l'isolation dans le cas où la facture de chauffage paraît excessive ? Ces recommandations pourraient en outre intégrer les éventuels avantages disponibles (tarifs préférentiels, subventions publiques…) afin de les rendre plus séduisantes.
Sur des prémices extrêmement intéressantes, ouvrant une perspective réelle d'influence sur les comportements des individus en matière environnementale, NatWest choisit de rester dans une position d'observatrice, refusant d'investir sérieusement au service de la cible qu'elle affiche pourtant pompeusement. En y mettant un peu de cynisme, on retrouve ici ce qui est devenu la stratégie fondamentale de passivité d'une partie du secteur bancaire, en évitant la prise de responsabilité qu'entraînerait le conseil opérationnel.
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