Comme toutes les institutions financières ayant un pied dans le crédit à la consommation, La Banque Postale réagit à l'émergence fulgurante de la nouvelle génération de solutions de paiement différé ou fractionné (« BNPL »). Elle crée pour cela une filiale dédiée, qui adopte un embryon de posture éthique rare et bienvenue dans le domaine.
Django propose aux marchands – en ligne ou en magasin et de la TPE aux plus grandes enseignes – des options variées destinées à accélérer leurs ventes : règlement à 15, 30 ou 45 jours ou encore en 2, 3 ou 4 fois, pour des montants jusqu'à 6 000 euros. Elles se veulent faciles à intégrer (des modules prêts à l'emploi sont disponibles pour les principaux logiciels de e-commerce, tels que Magento, PrestaShop…), sécurisées (paiement 100% garanti, le jour même) et affichent des conditions transparentes.
Du point de vue du consommateur, le parcours est simplifié à l'extrême : il n'a aucun justificatif à transmettre, seules quelques informations personnelles (état-civil, adresse, téléphone… et coordonnées de carte bancaire, pour le prélèvement des échéances) sont requises. L'éligibilité de la demande est évaluée en temps réel, pour une réponse instantanée. Sur ce volet, Django profite de la connaissance accumulée par La Banque Postale sur ses 11 millions de clients, dont 6 millions sont ainsi pré-autorisés.
Cet avantage est à peu près le seul signe concret d'intrusion de l'établissement historique dans la stratégie d'une structure qui se présente volontiers comme une FinTech interne. En effet, sa plate-forme s'appuie pour l'essentiel sur des partenariats avec plusieurs startups et autres acteurs tiers : la française Pledg fournit le moteur de paiement différé, en marque blanche, Stripe prend en charge les encaissements, Refinitiv qualifie les risques de défaut (pour la majorité d'individus préalablement inconnus de la banque) et, plus étonnant, ManagerOne aurait été retenue pour les comptes des commerçants.
À ce stade de la description, Django ressemble à toutes ses concurrentes sur le marché, jusque dans son appui sur un groupe solide afin de se distinguer des nouveaux entrants qui n'inspirent pas toujours confiance. Mais elle retient également de sa maison-mère son engagement « citoyen », directement hérité de sa mission de service public en faveur de l'inclusion financière. Alors, outre le soin pris dans son filtrage des emprunteurs, elle introduit deux fonctions complémentaires inédites au cœur de son offre.
D'une part, une collaboration avec une autre jeune pousse, Carbo, encourage ses utilisateurs à mesurer leur empreinte environnementale et, le cas échéant, à prendre des mesures pour la réduire. D'autre part, et le geste est plus important dans le contexte du crédit, elle les invite à adopter l'application de pilotage budgétaire de l'association de lutte contre le surendettement Crésus, dans laquelle il peuvent non seulement surveiller l'état de leurs finances personnelles et créer automatiquement un plan de dépenses à partir de leurs opérations récurrentes mais aussi visualiser l'impact d'un achat futur.
Bien sûr, l'initiative est loin d'être idéale et elle n'évitera pas, notamment, que des consommateurs compulsifs s'enfoncent dans la précarité, d'autant que Django se fixe d'emblée un objectif de 95% d'acceptation des dossiers. Mais, à tout le moins, elle permettra peut-être une prise de conscience salutaire chez les adeptes du paiement différé, par exemple à travers un réflexe de vérification des conséquences sur leur train de vie quotidien des échéances de remboursement envisagées… C'est un premier pas vers une préoccupation sincère de la santé financière des candidats au BNPL.
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