Un demi-siècle après les premiers pas vers l'industrialisation de l'informatique dans les entreprises, la DSI de Boeing, Susan Doniz, évoque les qualités requises afin de s'épanouir et faire carrière dans ces métiers. Un vétéran – peut-être un peu gâteux – comme moi y trouve un goût certain de retour vers quelques valeurs d'origine…
La recommandation principale formulée à l'attention des professionnels des technologies, débutants ou déjà confirmés, qui veulent réussir dans leur activité est finalement très simple : ils doivent d'abord identifier leur domaine de prédilection, celui dans lequel ils prennent plaisir à s'investir, et y consacrer toute leur énergie. À l'inverse, ceux qui, malheureusement très nombreux de nos jours, ne cherchent qu'à gravir les échelons hiérarchiques de l'organigramme n'ont guère leur place dans l'échiquier.
Une clé de l'engagement qui leur est demandé est la connaissance et la compréhension de l'environnement dans lequel il s'inscrit. D'un côté, la prise de conscience de l'importance critique de l'informatique, et donc de leur propre travail, dans le fonctionnement de la structure qui les emploie représente un puissant facteur d'adhésion. De l'autre, leur performance dépend directement de leur capacité à mettre leurs efforts au service des clients, dont, par conséquent, il leur faut aussi appréhender les attentes.
Outre leur intérêt pour accroître la flexibilité dans les projets, les méthodes agiles tant vantées et, plus récemment, les « fusion teams » promues par Gartner ont un rôle crucial à jouer vis-à-vis de cette exigence. En effet, la constitution d'équipes pluridisciplinaires qu'elles imposent facilite et accélère la diffusion d'une perception étendue des opérations. Ces bénéfices sont hélas absents quand s'installe la dérive, trop fréquemment rencontrée, d'un recentrage sur des compétences issues exclusivement de la DSI.
Ces préceptes constitueraient un véritable retour aux sources. Dans les premiers temps de l'introduction des ordinateurs et des applications logicielles, l'ambiance dans les départements d'organisation (qui en assumaient alors la responsabilité) relevait largement de l'artisanat. Les personnes qui prenaient cette voie le faisaient généralement par choix personnel, souvent par désir de se trouver en pointe de l'innovation, et elles avaient l'opportunité d'exercer leur talent au contact des utilisateurs, dans une démarche de co-construction qui s'ignorait, requise par l'absence de cadre prédéfini.
La généralisation de la technologie et son infiltration dans tous les recoins de l'entreprise, la croissance exponentielle des effectifs spécialisés, les impératifs de productivité… ont entraîné la disparition de ces vertus, remplacées par un modèle taylorien, dans lequel chacun est cantonné à une série de tâches précises, à exécuter dans un temps déterminé, sans aucune vue d'ensemble (je suis régulièrement effaré par la méconnaissance des mécanismes bancaires basiques de certains développeurs).
Comme dans l'industrie, une nouvelle approche du travail, permettant de lui redonner du sens, devient indispensable. Elle passe à la fois par une ré-autonomisation des professionnels de l'informatique et par une révision profonde de la manière d'appréhender la place des technologies dans l'entreprise. Sur le premier axe, l'automatisation galopante (qui arrive bientôt dans la programmation) sera un catalyseur… mais les principes pédagogiques en vigueur dans la filière devront aussi être entièrement repensés.
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