Probablement impulsée par l'immense popularité du paiement fractionné (BNPL), une petite révolution est en cours dans l'univers de la carte de crédit : American Express déploie, pour l'instant uniquement au Royaume-Uni, une possibilité pour les porteurs de transformer une partie de leur encours de dette en prêt classique.
Sans aucun changement ni impact sur leur contrat existant, les clients de la marque peuvent désormais choisir de régler les achats enregistrés sur leur compte par l'intermédiaire d'un plan en 3, 6 ou 12 mensualités fixes. La faculté leur est proposée à tout moment dans l'application mobile et sur la plate-forme de services en ligne d'AmEx, soit pour une dépense spécifique soit pour une fraction (jusqu'à un maximum de 85%) du total de leur engagement, tel qu'il apparaît sur le dernier relevé reçu.
Dans une approche parfaitement intégrée avec le modèle historique de l'établissement, les remboursements ainsi planifiés sont (logiquement, de fait) déduits du paiement minimum exigé chaque mois, tandis que les transactions concernées restent éligibles aux programmes de récompenses habituels qui fondent son attractivité.
Le recours à la fonction « Plan It » ne porte pas d'intérêt mais est facturé sur la base d'une redevance fixe. Le coût paraît relativement élevé mais il est probablement aligné avec les pratiques en vigueur dans sa catégorie. En conséquence, l'avantage financier par rapport à un usage « normal » de la carte de crédit s'avère limité et c'est donc plutôt la prédictibilité des versements (stables) qui devrait séduire les consommateurs.
Naturellement, American Express n'est pas le premier acteur historique à subir la pression des nouvelles techniques de financement, entre le BNPL et ses variantes, et à adapter son offre en réaction à leur emprise grandissante sur le marché. Et, comme les autres dans sa situation, il a les moyens d'occuper une place privilégiée dans le paysage grâce à la flexibilité incomparable de ses solutions, autorisant une sélection libre entre trois modes de règlement avec un seul et unique instrument.
En revanche, une telle évolution risque de pénaliser le modèle économique de l'entreprise. Pas particulièrement en raison du prix légèrement inférieur de l'option « Plan It », mais surtout parce que la stratégie des leaders de la carte de crédit consiste à encourager les clients à maintenir un solde débiteur sur lequel les intérêts s'accumulent sur une longue période et non à viser un remboursement planifié.
Dans cette perspective, en incitant AmEx et ses consœurs à déployer des outils un peu plus vertueux et susceptibles d'orienter les comportements de leurs utilisateurs dans le sens d'une meilleure anticipation et de plus de contrôle, les trublions du BNPL parviendront peut-être, malgré leurs propres lacunes en la matière, à faire indirectement progresser le bien-être financier des populations. Voilà une excellente nouvelle !
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