Tandis que le nouveau propriétaire du réseau social X rêve de transformer celui-ci en super-app (d'abord) financière, le fondateur de ce qui se nommait autrefois Twitter voit quant à lui l'avenir de son application de paiement dans la banque sociale… D'où vient un tel engouement pour une combinaison qui tâtonne depuis des années ?
Revenu à la barre de Square, qui avait tendance à disperser ses efforts ces dernières années, et toujours à la tête de sa maison mère Block, Jack Dorsey élabore désormais une stratégie de rationalisation… qui ne se contente pas, comme tant d'autres, de réductions d'effectifs. Une de ses priorités consiste en effet à rassembler tous les clients du groupe, particuliers et professionnels, autour d'une plate-forme bancaire unifiée, construite sur la base de Cash App, son outil d'échanges entre pairs.
Il est vrai que ce dernier a considérablement évolué au fil du temps. Né de l'idée d'envoyer de l'argent de la manière la plus simple possible puis décliné pour les règlements chez les commerçants et artisans équipés des solutions d'encaissement de Square, il s'est progressivement enrichi de multiples fonctions, depuis sa carte de débit jusqu'à ses offres de crédit à court terme et de paiement fractionné (via l'absorption d'Afterpay), en passant par son compte d'épargne, l'investissement en bourse…
Portée par l'ambition de développer un véritable concurrent des établissements traditionnels, qui vise à la placer à terme au sommet des fournisseurs préférés des ménages américains aux revenus inférieurs à 150 000 dollars (soit l'ensemble de la classe moyenne), la jeune pousse devrait prochainement introduire dans sa palette quelques services qui manquent encore à l'appel, dont notamment l'encaissement de chèques (en plus des espèces), le paiement des factures, les virements…
Cependant, un des principaux chantiers engagés concerne l'enrôlement des professionnels utilisateurs de Square, qui bénéficient déjà, depuis 2021, d'une solution spécifique pour leur activité. L'hypothèse d'une fusion de cette dernière au sein de Cash App, qui prendrait de la sorte les allures de banque universelle couvrant les besoins des individus et des entrepreneurs constituant l'essentiel de sa clientèle, n'est pas mentionnée mais semblerait pourtant en ligne avec les objectifs d'optimisation.
Tout aussi mystérieuse est cette évocation d'une cible « sociale » dont ne sont suggérés aucun détail ni piste de concrétisation. S'agit-il simplement de maintenir les échanges entre personnes au centre de la plate-forme, de manière à stimuler une relation de proximité, à travers les interactions financières, entre les individus entre eux et, dorénavant, avec leurs marchands favoris incités à la rejoindre ? Ou bien des capacités additionnelles viendront-elles ultérieurement compléter le panorama ?
En tout état de cause, l'approche retenue est radicalement différente de celle qu'esquisse Elon Musk avec X et paraît beaucoup plus pragmatique et susceptible de réussir, au moins dans sa dimension bancaire. Toujours est-il que l'aspect social de l'équation reste un point d'interrogation quant à son potentiel. Aucune tentative du genre (Venmo en tête) n'a rencontré le succès sur ce territoire et il restera à voir si, au-delà des paiements P2P, les consommateurs adhèrent à d'autres opportunités.
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