Au cœur d'une vague d'efforts de l'ensemble de l'industrie bancaire australienne en faveur de la protection des populations vulnérables et de leur argent, c'est aujourd'hui au tour de Westpac de dévoiler une initiative originale, qui mériterait probablement d'être généralisée (peut-être dans une version enrichie) dans le monde entier.
Alors que, même en dehors des grands cas qui occupent l'actualité française ces derniers jours, le nombre d'affaires d'abus de faiblesse ne cesse d'augmenter dans des proportions inquiétantes, portant en général sur les comptes bancaires des victimes et fréquemment initiées par des personnes supposées de confiance, les institutions financières doivent prendre conscience de leur position privilégiée et, en conséquence, du rôle qu'elles ont à jouer afin de limiter leurs occurrences et leur incidence.
Naturellement, il existe déjà divers mécanismes de blocage prévus pour des opérations résolument inhabituelles, qui s'appliquent d'ailleurs pour toutes les catégories de clientèle. Mais le problème auquel s'attaque cette fois Westpac ressort plutôt de ce qu'on pourrait qualifier de « petits détournements du quotidien », exécutés dans le cadre d'une procuration accordée en toute légalité, au profit d'un proche ou d'un professionnel spécialisé… dont quelques-uns se révèlent parfois hélas indélicats.
En pratique, une analyse permanente des transactions enregistrées sur les comptes concernés par ce type de mandat permet de détecter des anomalies comportementales (des écarts par rapport aux habitudes historiques) et, le cas échéant, de déclencher une alerte auprès d'une équipe dédiée (de 7 personnes) dans l'établissement. Celle-ci s'assure de la validité de l'incident et peut alors décider de mesures répressives (dont la nature précise n'est pas très claire mais exclusivement interne, semble-t-il).
Le dispositif tel qu'il est présenté se cantonne à ces fonctions… mais il est facile d'en imaginer des extensions, toutes relativement simples à implémenter. Il pourrait ainsi s'agir, en premier lieu, d'instaurer les mêmes contrôles pour n'importe quel client, indépendamment des procurations mises en place sur ses comptes. Bien entendu, l'option ne serait activée que sur demande explicite (éventuellement après une recommandation formelle), pour éviter un syndrome de surveillance excessive.
D'autre part, et surtout si la précédente suggestion est adoptée et risque de déborder les capacités de support disponibles, il pourrait également être intéressant (et moins coûteux du point de vue des ressources allouées par la banque) de proposer de notifier un ou plusieurs contacts personnels (parent, tuteur…) préalablement désignés en cas de malversation supposée. Là encore, il faudrait prévoir une procédure transparente (avec un conseiller ?) de manière à éviter tout danger d'exaction en amont.
Le vieillissement des populations dans les pays développés, dans un univers « digitalisé » que les seniors ne maîtrisent pas toujours et propice à toutes sortes d'escroqueries impose au secteur financier d'appréhender de nouveaux défis et de concevoir des approches innovantes afin de renforcer la protection de cette clientèle. L'enjeu ne fera que prendre de l'ampleur dans les années à venir et doit être anticipé.
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