Comme souvent avec les sujets environnementaux, l'intuition peut s'avérer trompeuse. Il est ainsi facile d'imaginer que le paiement par voie électronique est moins « vert » que le recours aux espèces. Une étude commanditée par Worldline nous apprend pourtant que, dans les usages courants de notre monde contemporain, il n'en est rien.
Malgré son sponsor, qui n'est bien sûr pas totalement neutre, l'analyse, dirigée par un professeur de l'université Paris-Dauphine et opérée sur des données du marché belge, semble raisonnablement objective. Pour en dévoiler les conclusions d'entrée de jeu, il faut retenir que, une fois pris en compte tous les paramètres, une transaction exécutée par carte dans un magasin physique émet environ 15 fois moins d'équivalents CO2 qu'un règlement à l'ancienne avec billets et pièces, soit 2,45 g contre 36,8.
Précisons cependant immédiatement qu'un tel écart s'explique par le choix méthodologique, certes rationnel au vu des habitudes des consommateurs mais écartant des situations spécifiques (forte circulation de la monnaie), de considérer le retrait au distributeur dans le cycle de vie des espèces. En effet, à eux seuls, le transport de fonds, l'approvisionnement des automates et leur infrastructure représentent 90% de l'empreinte totale, tandis que l'échange avec le marchand est estimé à impact nul.
Au-delà de la comparaison, Worldline profite en outre de l'exercice pour explorer les pistes d'optimisation susceptibles de réduire encore la facture écologique des paiements électroniques, en accord avec un engagement pris par l'industrie au niveau européen. Dans cette perspective, il suffit de s'attarder sur les trois composantes les plus néfastes d'une opération, à savoir la production des reçus (en double : un pour le client et un pour le commerçant), la carte en plastique elle-même et le terminal.
L'abandon de l'obligation d'imprimer un ticket – comme l'autorise dorénavant la législation française – constitue donc un facteur important d'amélioration. Puis la deuxième option à privilégier consiste à remplacer les outils physiques par un smartphone, autant du côté du client, avec son porte-monnaie virtuel, que du côté du commerçant, équipé d'une application d'encaissement, pour une réduction de quelques 50% des émissions associées. Notons que les infrastructures, réseaux et centres de production informatique, ont une part négligeable dans cette équation.
Une déclinaison des recommandations sur les achats en ligne fait également ressortir quelques points chauds, à l'instar du dispositif (matériel) d'authentification en vigueur aujourd'hui en Belgique, qui pénalise fortement l'équilibre puisqu'il est responsable de trois quarts de l'impact de chaque règlement. De manière moins critique, l'usage du téléphone comme instrument de dématérialisation sur l'ensemble de la chaîne de valeur offrirait néanmoins là encore une possibilité de minimiser les dommages.
À l'échelle unitaire, les paiements paraissent être une goutte d'eau dans l'océan des émissions de gaz à effet de serre et de leurs conséquences sur le climat. Le volume des échanges traités en fait toutefois une priorité logique et les études du genre de celle publiée par Worldline – qui mériterait d'être complétée par d'autres, ne serait-ce qu'afin d'en confirmer la validité – sont essentielles pour guider aussi bien les préférences des consommateurs que les décisions des instances réglementaires et politiques.
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