Une décennie après avoir manqué l'opportunité du lancement d'une banque dans les bureaux de tabac où il possédait un quasi monopole, le Groupe FdJ prolonge sa première aventure du paiement de facture avec un compte de paiement… qui ressemble tellement au Nickel des (lointaines) origines qu'il fait sérieusement douter de son intérêt.
Qu'on en juge. Conçue comme une extension de l'offre gratuite précédente Nirio, la nouvelle solution Premio, facturée 30 euros par an (ou 3 euros par mois), comprend une carte Visa prépayée, physique et virtuelle, et une application présentée comme outil de pilotage budgétaire… en raison de ses (maigres) capacités d'enregistrement des transactions en temps réel (grâce à l'autorisation systématique) et de catégorisation des dépenses, ainsi que, naturellement, l'impossibilité de se retrouver à découvert.
À ce socle basique s'ajoute bien sûr la caractéristique distinctive de ces OFNI (« objets financiers non identifiés »), à savoir la possibilité de réaliser certaines opérations dans quelques 10 000 bureaux de tabac en France, à commencer par l'ouverture de compte, complétée par l'avantage anachronique (et aux légers relents d'illégalité) que met plus particulièrement en avant l'entreprise : les règlements en espèces, que ce soit pour les factures, les achats de billets d'avion, les péages d'autoroutes (bientôt)… ou encore, évidemment, le provisionnement de la carte accompagnant la nouvelle version.
Face à Nickel, qui a, depuis ses débuts, ajouté quelques cordes à son arc dont, très récemment, une option de crédit, à sa notoriété et ses 3,5 millions de clients, où sont les arguments susceptibles de faire pencher la balance en faveur de ce Premio ? L'attractivité auprès des populations sous-bancarisées (notamment les interdits bancaires) dont la filiale de BNP Paribas se vante à l'excès (en insinuant que tous ses adeptes bénéficient de sa mission d'inclusion financière alors que seul un sur trois, peut-être, est en situation délicate, les autres ayant d'autres motivations pour ouvrir un compte d'appoint) ne semble même pas être spécifiquement soulignée.
L'initiative donne l'impression d'une idée mal ficelée, probablement dérivée d'un certain ressentiment causé par le succès de ce qui est perçu comme un concurrent (du fait de son implantation en territoire « réservé ») et de la prise de conscience de la facilité avec laquelle les mécanismes de banque en services – en l'occurrence ceux de XPollens – permettent la création d'une plate-forme élémentaire. Avec de telles fondations, c'est jusqu'à l'équation économique du dispositif qui paraît impossible à équilibrer…
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