La grande vague d'invasion de l'univers de la banque entamée il y a quelques années par les opérateurs de télécommunication s'étant désormais plus ou moins effondrée, au gré, notamment, de plusieurs échecs cuisants (Orange Bank ?), visent-ils maintenant à se lancer dans l'assurance ? C'est en tous cas le nouveau pari de Swisscom.
Naturellement, l'initiative ne part pas de zéro puisque l'entreprise propose depuis longtemps, comme la plupart de ses consœurs, une garantie contre la casse et le vol des téléphones qu'elle commercialise ainsi que, et c'est un peu plus rare, une protection dédiée à la cybersécurité. Aujourd'hui rassemblées sous une marque spécifique, Sure, elles sont rejointes par des produits génériques, à commencer par l'habitation et les loisirs, en attendant, dans les mois qui viennent, les voyages, l'automobile…
Les arguments que présente Swisscom afin de justifier la légitimité de son intrusion dans un métier éloigné du sien sont étonnamment similaires à ceux qui présidaient aux aventures bancaires antérieures : la proximité supposée avec les clients et la confiance qu'ils accorderaient à leur opérateur seraient propices à une intégration de l'assurance. Il faut reconnaître un certain optimisme à ceux qui s'attachent encore fermement (?) à de telles convictions après les déconvenues qu'elles ont engendrées précédemment.
La démarche mise en œuvre est cependant assez différente, en particulier sur le niveau d'engagement qu'elle représente. En effet, il n'est pas question ici de créer une offre de toutes pièces, qui représenterait un investissement difficile à rentabiliser. Plus raisonnablement, la firme assume dans ce cas un simple rôle d'intermédiaire pour la distribution de solutions fournies par ses partenaires – par exemple Zurich pour l'habitation ou AXA pour une prochaine couverture des loyers impayés.
La maturité « digitale » ayant sensiblement progressé dans les grands groupes de télécommunication (probablement plus que dans l'assurance), Sure peut également mettre en exergue quelques avantages concrets de son approche : une souscription et une résiliation simples et rapides, sur le téléphone, ou encore une flexibilité totale, autorisant l'ajustement de la couverture à la demande. Par ailleurs, l'intégration future de contrats pour tous les besoins courants permettra bien sûr de faire de l'application mobile de Swisscom un tableau de bord universel des garanties détenues. Puis vient le rêve de détecter les moments de vie susceptibles de rebond commercial (tel qu'un déménagement), procurant des opportunités de vendre des polices…
Ces caractéristiques suffiront peut-être à conquérir quelques consommateurs particulièrement fidèles à leur opérateur mais seront-ils si nombreux ? Il paraît tout de même douteux, comme l'était déjà l'ouverture d'un compte bancaire, que l'idée de souscrire une assurance par ce biais devienne une tendance. Certes, la généralisation en cours des modèles enfouis, facilitant le déploiement de produits dans n'importe quel parcours client, constitue une aubaine… encore faut-il que le contexte soit approprié.
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