Comme chaque année, Paris accueille cette semaine le plus grand événement européen de la technologie. Après un petit tour de cette huitième édition de VivaTech, je vous propose de passer en revue quelques tendances qui m'ont interpellé, probable résultat autant de la situation du marché que de la sélection opérée par les organisateurs.
Premier constat, l'effervescence habituelle dans le grand hall du parc des expositions semble avoir baissé d'un cran, mineur mais sensible : moins de bruit, moins de démonstrations extraordinaires, moins d'annonces tapageuses, moins de monde dans les allées, stands des grands groupes moins étendus… Tout cela me conforte dans l'idée que l'innovation est actuellement moins florissante qu'il y a quelques années et, surtout, qu'elle n'a plus la même priorité qu'auparavant dans les entreprises.
Autre observation notable, la FinTech est en pleine déconfiture. Parmi les startups invitées, elles ne sont plus qu'une poignée à se réclamer du domaine. Nombre d'entre elles se positionnent en outre comme de simples éditeurs de logiciels à l'intention des institutions financières. Même les cryptoactifs et le web3 se font rares ! Quelques solutions attirent tout de même l'attention, dont plusieurs visant les pays africains (très présents), à l'instar de la super-app bancaire (en construction) de la tunisienne Flouci.
Je m'attendais à un déferlement d'intelligence artificielle et, si je n'ai pas été déçu, il prend une forme qui dénote une maturité relativement surprenante. En effet, entre des fournisseurs de technologies plutôt discrets – hormis sur le stand canadien, qui leur était entièrement réservé – et une certaine modération, bienvenue, sur l'« IA Washing », la part belle revenait à des cas d'usage exploratoires prometteurs, tels que l'assistant de remplissage de questionnaires proposé par la belge Wequity pour, par exemple, accélérer la collecte d'informations réglementaires RSE ou les « due diligences ».
Je suis surpris par le faible engouement pour l'informatique quantique, surtout en comparaison de 2023, qui laisse entrevoir un essoufflement des énergies, probablement dû à la fois à la prise de conscience de la marge restant à franchir avant de parvenir à des plates-formes industrielles et, pour la France, aux revirements de stratégie depuis le lancement du plan gouvernemental qui devait faire du pays un champion mondial.
Enfin, si je passe sur le nombre impressionnant d'exposants rangés dans les catégories des services informatiques et du développement logiciel, correspondant aux pourvoyeurs d'outils pour les innovateurs (et en général peu innovants par eux-mêmes), les trois secteurs les plus porteurs de VivaTech 2024 sont, dans l'ordre d'importance croissante, telle que je la perçois : la mobilité, l'environnement et la santé.
Sur le premier, l'automobile est toujours très visible mais ce sont les nouveaux modes de déplacement qui occupent le devant de la scène. Cette évolution est évidemment directement liée au deuxième, pour lequel il faut toutefois noter que ce sont les approches « matérielles » qui ont le vent en poupe, par rapport aux services, même mâtinés d'IA : absorption de CO2, recyclage de matériaux, cycle de vie des batteries…
Enfin, la santé occupe une place considérable, avec près de 250 entreprises référencées, apparemment. Une bonne partie d'entre elles développent des solutions à destination des professionnels. Tel est le cas par exemple de la parisienne Sêmeia et de ses outils facilitant le suivi des affections de longue durée, en collectant, agrégeant et analysant toutes les données disponibles, de manière à simplifier leur compréhension par les patients et le travail des praticiens (entre autres via des alertes spontanées). Les assureurs pourraient certainement trouver de l'inspiration dans ce vivier.
En résumé, cette édition de VivaTech est décevante pour quelqu'un qui, comme moi, y recherche des pépites pour l'industrie de la finance. Mais, en prenant un peu de recul, elle me semble intéressante par sa démonstration d'une focalisation indispensable de l'innovation sur des problématiques concrètes et réelles et moins sur des emballements futiles et dérisoires autour de technologies émergentes survendues.
Crédit photo : Viva Technology 2024 |
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