Qui se souvient encore des métavers et de la révolution qu'ils promettaient dans nos interactions avec le monde ? Voilà une tendance dont la vogue a été particulièrement éphémère. À tel point que, à peine plus de 2 ans après son lancement, AXA Investment Managers se voit aujourd'hui contrainte de diversifier le fonds qui leur était dédié.
Entre sa performance inférieure à 5%, nettement en retrait par rapport à son indice de référence (malgré sa récente reprise de vigueur), et son faible volume d'actifs sous gestion, aux alentours de 65 millions d'euros, le produit ne semble pas rencontrer le succès escompté à l'époque où les grands acteurs technologiques comme les analystes nous assuraient que ces univers virtuels immersifs supplanteraient le web tel qu'on le connaît aujourd'hui. C'est, en fait, une bulle qui a éclaté.
Ce qui constitue sans conteste un revers pour AXA IM, bien qu'il soit présenté comme une évolution naturelle, reflète en effet un retournement de conjoncture total pour la lubie passagère car le fonds en question cherchait à couvrir la thématique du métavers dans toutes ses dimensions : d'abord les technologies sous-jacentes, puis les usages à l'intention du grand public – ludiques, sociaux ou autres – mais également les applications professionnelles (pour la formation et l'assistance, notamment)…
D'autre part, la sanction est double, apparemment, puisque, d'un côté, les résultats obtenus montrent un affaissement du marché, que l'abandon par Facebook de ses efforts massifs dans le domaine a clairement mis en lumière depuis un certain temps, et, de l'autre, le niveau de collecte enregistré révèle un désintérêt des investisseurs et donc, dans une certaine mesure, des utilisateurs potentiels, ce qui est de mauvais augure pour ceux qui considèrent que l'essor viendra avec le temps et la maturité.
Cependant, le gestionnaire préfère étendre le périmètre de son fonds plutôt que d'en reconnaître l'échec et de le fermer purement et simplement (ce qui serait certes peu apprécié pour un support visant le long terme). Invoquant l'étroite imbrication qui existerait entre les deux sujets, c'est l'intelligence artificielle qui vient compléter les orientations initiales. En résumé, il s'agit ainsi de doper un produit élaboré sur une mode en déclin grâce à celle qui a pris sa place dans les unes des médias… en rêvant, peut-on supposer, qu'elle concrétise cette fois les espoirs qu'elle suscite.
La transition est « intéressante » dans un contexte où l'IA prend de plus en plus les apparences de la prochaine bulle d'attentes excessives. Comme pour les métavers, il n'est (évidemment) pas question de remettre en cause les progrès accomplis et le potentiel de disruption de la technologie. Encore faut-il prendre garde aux communications abusives – l'IA-washing bat son plein – et aux promesses irréalistes, qui font retomber le soufflé bien plus rapidement qu'il n'a levé. Naviguer dans un tel environnement peut s'avérer extrêmement périlleux pour un investisseur institutionnel.
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