Inquiète des politiques opaques de tarification individualisée élaborées à partir de données personnelles, notamment financières, la Federal Trade Commission, agence américaine de protection des consommateurs, interroge huit entreprises, parmi lesquelles figurent Mastercard et Bank of America, sur leurs activités en la matière.
Sans attendre le développement attendu de l'intelligence artificielle, la science des données et l'apprentissage automatique exploitent en permanence les informations sensibles qui éclairent notre situation et nos comportements. Outre les risques pour la protection de la vie privée, déjà maintes fois dénoncés et dorénavant couverts par diverses législations, la dernière tendance laisse entrevoir des usages susceptibles de compromettre la concurrence loyale et d'augmenter les prix artificiellement.
Concrètement, la démarche de la FTC vise, au sein d'un écosystème de l'ombre (selon ses propres termes), quelques firmes qui vantent ouvertement leur capacité à analyser toutes sortes de données auxquelles elles ont accès – telles que la localisation géographique, les caractéristiques démographiques, le score de crédit, l'historique de navigation en ligne et/ou d'achats… – afin de catégoriser les individus, de manière à fixer un tarif « optimal » pour le prochain produit ou service qu'ils désirent acquérir.
L'objectif prioritaire, qui n'exclut pas une future intervention réglementaire, consiste à introduire une indispensable transparence dans des mécanismes dont les victimes (supposées, à ce stade) ne sont même pas au courant de l'existence, que ce soit au niveau des intermédiaires qui collectent et traitent les informations ou des acteurs qui implémentent les systèmes de prix « à la tête du client ». L'initiative est une suite logique des multiples enquêtes conduites sur l'utilisation commerciale de données.
Dans cette perspective, quatre domaines d'intérêt sont explorés à travers la demande de la commission : les offres de tarification de surveillance développées, implémentées et/ou distribuées (dans tous leurs détails, y compris techniques, ainsi que leur destination), les informations mises à contribution dans ces dispositifs (et leurs sources, en particulier quand elles sont externes), les populations auxquelles ils sont appliqués (et dans quel but), leurs impacts sur les clients (et les tarifs auxquels ils sont exposés).
Sans surprise, l'engouement actuel pour l'IA et l'arbitraire (apparent, à tout le moins) de ses « raisonnements » attirent l'attention des autorités dans tous les secteurs. Comme, dans une certaine mesure, avec la loi européenne sur l'intelligence artificielle, on semble progressivement se diriger vers une logique de catalogue des applications autorisées et interdites, ou acceptables sous conditions. Voilà de quoi alarmer les partisans de l'innovation débridée… sans totalement satisfaire les plus pessimistes…
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