Selon une enquête menée par le cabinet Gartner auprès de 200 dirigeants d'entreprises, les chantiers de verdissement de leur informatique ont fortement progressé au cours de ces dernières années. Pourtant, plusieurs domaines d'initiatives relativement peu coûteuses restent hors du champ dans beaucoup d'entre elles.
Chaque organisation met en œuvre une moyenne de neuf démarches de développement durable autour de son système d'information, dont les principales concernent, sans surprise, les centres de production – entre efficacité énergétique et adoption de l'infonuagique –, les postes de travail, les logiciels et les données. Notons d'emblée qu'aucune information n'est fournie sur la performance de ces actions : je soupçonne qu'il reste aussi une marge d'amélioration dans ces catégories.
Déjà, près de deux tiers des responsables interrogés se plaignent du manque de transparence de leurs fournisseurs, ce qui non seulement limite leur capacité à mesurer leur empreinte environnementale (et son évolution), ainsi que les comparaisons entre concurrents, mais les empêche également de déterminer leurs priorités, faute des éclairages indispensables afin d'engager leurs investissements sur les problématiques les plus importantes et les plus susceptibles d'exercer un impact sur leur bilan.
Et puis il existe aussi de véritables angles morts dans les approches, des idées souvent simples qui manquent probablement de notoriété ou qui paraissent, à tort, trop lourdes, trop complexes… ou trop risquées. Dans les « data centers », d'abord, les analystes de Gartner évoquent notamment les « nouveaux » modes de refroidissement (dont la version passive qui, en réalité, est promue depuis presque deux décennies) et l'ajustement des alimentations de secours (UPS) au plus près des besoins.
Côté poste de travail, on retrouve encore des propositions peu originales mais éprouvées, telles que le recours aux matériels reconditionnés et le recalibrage des politiques de renouvellement systématique après 3 à 5 ans d'utilisation, alors qu'il serait possible – moyennant une étude détaillée des cibles optimales, de manière à évaluer le meilleur compromis vis-à-vis des taux de pannes et de l'obsolescence technologique – de prolonger la durée de vie des micro-ordinateurs, par exemple.
Ce que Gartner ne mentionne pas dans sa présentation est ce qui, selon moi (et mon expérience de plus de 15 ans dans ces thématiques), constitue le premier obstacle à l'adoption de stratégies de ce genre. En effet, ce sont celles qui requièrent des changements profonds dans les pratiques habituelles (et leur sécurité) et exigent donc un minimum d'audace pour être lancées. Hélas, les dirigeants ne sont pas prêts à sortir de leur zone de confort pour leurs objectifs de développement durable.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Afin de lutter contre le spam, les commentaires ne sont ouverts qu'aux personnes identifiées et sont soumis à modération (je suis sincèrement désolé pour le désagrément causé…)