Ce n'est évidemment pas le premier pays qui vient à l'esprit quand on apprend que son régulateur du secteur appelle les banques à se préoccuper de la santé financière de leurs clients. C'est pourtant bien l'Office of the Comptroller of the Currency américain qui entreprend cette démarche, avec quelques outils simples mais concrets.
Au-delà de sa mission officielle de développement d'une économie plus inclusive et sans discriminations, une autre motivation, pragmatique, alimente la réflexion de l'organisme, à savoir le constat d'une progression inquiétante du nombre de citoyens, notamment parmi les plus fragiles, qui se tiennent à l'écart du système bancaire traditionnel. L'idée consiste donc à répondre aux principaux reproches formulés à l'encontre de ce dernier, notamment l'inadéquation des offres et le manque de confiance.
Selon cette perspective, l'OCC considère alors trois dimensions complémentaires sur le sujet, qui relèvent indiscutablement de la responsabilité directe des institutions financières placées sous sa tutelle : l'identification et la compréhension des difficultés que rencontrent leurs clients, les opportunités de suggérer des produits ou services adéquats dans ces circonstances et toutes les autres actions envisageables afin de soutenir les efforts des consommateurs en vue de l'amélioration de leur bien-être.
Il décrit, par ailleurs, trois composantes élémentaires de la santé financière autour desquelles s'orchestrent ensuite ses propositions : la stabilité, qui reflète la capacité d'un ménage à faire face à ses obligations (en particulier le paiement de ses frais de première nécessité), la résilience (ou la faculté d'absorber des chocs, tels que des dépenses exceptionnelles), grâce à une réserve ou une assurance, et, enfin, la sécurité, c'est-à-dire le sentiment de disposer des ressources nécessaires pour un avenir serein.
Une fois ces définitions posées, les auteurs s'attachent à élaborer les indicateurs qui permettront de repérer les cas à surveiller et, potentiellement, à prendre en charge. Et on peut dire que leur priorité a été de faire dans la sobriété puisqu'ils se contentent de trois « signes vitaux », associés chacun à un des axes évoqués précédemment. En dépit de cette concision, l'essentiel est tout de même préservé et l'avantage de ce choix est, bien sûr, la facilité de mise en œuvre pour les établissements sollicités.
Nous avons donc la balance des flux sur les comptes de disponibilités, qui devrait être positive au moins deux mois sur les trois derniers, le coussin de liquidité, dont le niveau minimal est fixé à 1 000 dollars (lignes de crédit comprises, États-Unis obligent), et un comportement d'endettement responsable, matérialisé soit par un score de crédit de bon niveau, soit par l'absence de dette en souffrance depuis plus de 30 jours.
Une particularité intéressante de l'approche prend la forme de cas d'utilisation, qui, en réalité, listent pour chaque typologie de diagnostic des moyens de remédiation possibles (une quinzaine au total) inspirés par des exemples du monde entier et tout aussi aisés à implémenter. Naturellement, l'ensemble n'est à considérer que comme une entrée en matière, qui méritera d'être enrichie et renforcée avec la maturité. Mais sa quasi trivialité montre aux récalcitrants que s'engager pour la santé financière est à leur portée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Afin de lutter contre le spam, les commentaires ne sont ouverts qu'aux personnes identifiées et sont soumis à modération (je suis sincèrement désolé pour le désagrément causé…)