L'impact environnemental de la gestion des sinistres commence désormais à prendre une place sérieuse parmi les préoccupations des compagnies d'assurance. Et, comme dans d'autres domaines, des actions sont parfois lancées uniquement sur la base d'intuitions. Crédit Agricole Assurances propose donc de rationaliser les réflexions.
Le livre blanc que vient de publier la filiale de la banque verte est le résultat d'une démarche scientifique rigoureuse, menée en collaboration avec une brochette d'entreprises intervenant à différents titres dans la chaîne de valeur. Fondée sur des analyses statistiques précises et exhaustives, l'étude dresse d'abord un panorama complet des émissions de gaz à effet de serre liées à chaque étape de traitement des dossiers avant d'émettre des préconisations concrètes visant à leur réduction.
En premier lieu, pour une vue réellement pertinente du sujet, il est important de le prendre en compte dans son ensemble. C'est pourquoi les évaluations réalisées couvrent l'assistance, l'expertise et, soit la réparation, soit les opérations réservées aux véhicules hors d'usage. Une exception est faite pour les bris de glace, appréhendés via un parcours simplifié et qui, de toutes manières, donne, sans surprise, un avantage net à la restauration, hélas réservée aux petits éclats, plutôt qu'au remplacement.
Pour les autres cas, les données recueillies réservent quelques surprises et remettent en cause certaines idées préconçues. Ainsi, si, là encore, la réparation est en moyenne plus vertueuse que le recours à une pièce de réemploi, qui l'est lui-même cinq fois plus que l'utilisation d'un composant neuf, la remise en état ne constitue pas la première cause d'émissions. La place revient en effet au véhicule de substitution (d'assistance ou du garage)… et la peinture (sa composition et son application) n'est pas très loin.
Forte de ces constats, Crédit Agricole Assurances esquisse des pistes originales, chiffrées, pour la maîtrise de l'empreinte environnementale des sinistres, au-delà de la classique promotion du recyclage d'éléments pour la réparation. En particulier, l'abaissement des délais d'immobilisation et la location de voitures électriques sont suggérés pour un bénéfice maximal sur le poste du véhicule de remplacement. Il faut toutefois souligner que les actions dans ce registre n'ont de conséquences que pour le bilan propre de l'assureur et non à une échelle globale, les émissions de CO2 comptabilisées étant celles que le véhicule accidenté ne génère pas.
Pour la peinture, diverses solutions sont envisageables, notamment sur la consommation énergétique de son application. Malheureusement, celles-ci impliquent la mise en œuvre de nouvelles techniques, relativement coûteuses à implémenter, sans compter les besoins de formation et d'adaptation culturelle à prévoir au niveau des personnels. Signalons au passage un « détail » facilement oublié ou négligé, source potentielle de gains sensibles, à savoir l'isolation thermique des garages et ateliers.
En dépit d'un exercice déjà extrêmement instructif, les rédacteurs de l'étude sont conscients de ses limitations, imaginant par exemple élaborer un référentiel beaucoup plus approfondi s'ils disposaient d'informations détaillées fournies par les constructeurs. J'ajouterais qu'il serait en outre fort intéressant de compléter l'analyse, aujourd'hui focalisée sur les seules émissions de gaz à effet de serre, avec une perspective sur d'autres aspects environnementaux, entre autres en termes de pollution.
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