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C'est pas mon idée !

vendredi 5 juillet 2024

La débâcle des métavers

AXA
Qui se souvient encore des métavers et de la révolution qu'ils promettaient dans nos interactions avec le monde ? Voilà une tendance dont la vogue a été particulièrement éphémère. À tel point que, à peine plus de 2 ans après son lancement, AXA Investment Managers se voit aujourd'hui contrainte de diversifier le fonds qui leur était dédié.

Entre sa performance inférieure à 5%, nettement en retrait par rapport à son indice de référence (malgré sa récente reprise de vigueur), et son faible volume d'actifs sous gestion, aux alentours de 65 millions d'euros, le produit ne semble pas rencontrer le succès escompté à l'époque où les grands acteurs technologiques comme les analystes nous assuraient que ces univers virtuels immersifs supplanteraient le web tel qu'on le connaît aujourd'hui. C'est, en fait, une bulle qui a éclaté.

Ce qui constitue sans conteste un revers pour AXA IM, bien qu'il soit présenté comme une évolution naturelle, reflète en effet un retournement de conjoncture total pour la lubie passagère car le fonds en question cherchait à couvrir la thématique du métavers dans toutes ses dimensions : d'abord les technologies sous-jacentes, puis les usages à l'intention du grand public – ludiques, sociaux ou autres – mais également les applications professionnelles (pour la formation et l'assistance, notamment)…

D'autre part, la sanction est double, apparemment, puisque, d'un côté, les résultats obtenus montrent un affaissement du marché, que l'abandon par Facebook de ses efforts massifs dans le domaine a clairement mis en lumière depuis un certain temps, et, de l'autre, le niveau de collecte enregistré révèle un désintérêt des investisseurs et donc, dans une certaine mesure, des utilisateurs potentiels, ce qui est de mauvais augure pour ceux qui considèrent que l'essor viendra avec le temps et la maturité.

AXA IM Métavers

Cependant, le gestionnaire préfère étendre le périmètre de son fonds plutôt que d'en reconnaître l'échec et de le fermer purement et simplement (ce qui serait certes peu apprécié pour un support visant le long terme). Invoquant l'étroite imbrication qui existerait entre les deux sujets, c'est l'intelligence artificielle qui vient compléter les orientations initiales. En résumé, il s'agit ainsi de doper un produit élaboré sur une mode en déclin grâce à celle qui a pris sa place dans les unes des médias… en rêvant, peut-on supposer, qu'elle concrétise cette fois les espoirs qu'elle suscite.

La transition est « intéressante » dans un contexte où l'IA prend de plus en plus les apparences de la prochaine bulle d'attentes excessives. Comme pour les métavers, il n'est (évidemment) pas question de remettre en cause les progrès accomplis et le potentiel de disruption de la technologie. Encore faut-il prendre garde aux communications abusives – l'IA-washing bat son plein – et aux promesses irréalistes, qui font retomber le soufflé bien plus rapidement qu'il n'a levé. Naviguer dans un tel environnement peut s'avérer extrêmement périlleux pour un investisseur institutionnel.

jeudi 4 juillet 2024

CommBank succombe à la mode extra-bancaire

CommBank
Comme nombre de ses consœurs à travers le monde – dont aucune ne s'est, à ma connaissance, vantée à ce jour d'un quelconque succès –, CommBank annonce l'introduction de fonctions étrangères à ses métiers fondamentaux au sein de son application mobile. Elle justifie ce lancement avec les mauvais arguments déjà maintes fois brandis.

Fidèle à sa rationalité habituelle, la démarche de développement adoptée par l'établissement commençait pourtant par une analyse préliminaire apparemment raisonnable. Ainsi c'est sur la base du constat (objectif) des projets pour lesquels ses clients mettent le plus fréquemment en œuvre un programme d'épargne, via les outils mis à leur disposition dans ce but, qu'ont été sélectionnés les deux domaines retenus pour l'extension de périmètre : l'acquisition d'une voiture et le voyage.

Voilà comment, grâce à des partenariats ad hoc, débarquent dans la plate-forme mobile de la banque une place de marché automobile et un module de réservation de voyages. Les deux offrent bien sûr des capacités à l'état de l'art – comprenant, par exemple, des avantages spécifiques pour les véhicules électriques ou un module prédictif qui détermine la période pour obtenir le meilleur prix sur un vol – et intègrent de manière transparente le paiement et les options de financement pertinentes.

CommBank Car Marketplace

À votre avis, qu'est-ce qui laisse croire à CommBank qu'elle a la moindre chance de convaincre ses clients de la préférer aux plates-formes et autres commerces (y compris physiques) spécialisés dans ce genre de services ? En premier lieu, c'est évidemment le mirage de l'engagement, tel que matérialisé, censément, par une statistique certes impressionnante : chaque utilisateur se connecte désormais à la banque mobile 42 fois par mois en moyenne (soit presque 3 fois plus qu'il y a 10 ans).

Le raisonnement est un peu court… car il manque désespérément de profondeur ! Un minimum de sérieux dans l'étude révèlerait certainement les raisons de cette croissance, qui ne témoigne en rien d'un plus grand désir d'interactions avec la banque. L'oubli est particulièrement cocasse quand on prend conscience qu'une partie de la réponse se trouve dans la communication officielle elle-même : la multiplication des outils disponibles dans l'application engendre automatiquement plus d'usages.

Or ce qui capte le plus l'attention des consommateurs, ce sont d'abord les mécanismes qui les aident à se débrouiller avec leur budget, que ce soit par le biais de la gestion de finances personnelles ou à travers le moteur de recherche d'aides et de subventions. Ajoutez la tentation permanente de consulter le solde du compte courant ou des cartes de crédit, surtout en période de fortes tensions sur le pouvoir d'achat, et vous avez probablement expliqué la fébrilité observée sur les smartphones.

Naturellement, ces situations ne sont pas les plus propices à l'achat d'une voiture ou la préparation d'un voyage de rêve… Et, finalement, les 42 connexions par mois se traduisent peut-être par une ou deux opportunités de rebond (lors des rentrées d'argent ?) et une minuscule fenêtre de tir pour entamer un parcours qui demandera toujours une longue réflexion. À l'inverse, l'introduction de ces fonctions « parasites » va encore augmenter la complexité du logiciel et produire confusion et irritation.

Et si, au lieu de chercher sans cesse des moyens directs de créer des revenus – en l'occurrence sur des dépenses parmi les plus importantes des ménages – qui s'avéreront vains, les banques essayaient plutôt de capitaliser sur le stress qui suscite la consultation incessante de leurs apps… en offrant des solutions qui le soulagent ?

CommBank Travel Booking

mercredi 3 juillet 2024

L'IA, protectrice ou ruine du climat ?

Google
Depuis plusieurs années, Google prend sa responsabilité environnementale au sérieux et son nouveau rapport annuel [PDF] consacré au sujet en fournit encore une preuve difficilement contestable. Pourtant les grandes tendances qui se dégagent au fil de ses pages ont de quoi inquiéter pour l'avenir de la planète… bien que le géant du web s'efforce désespérément de rassurer ses lecteurs.

Fidèle à ses convictions historiques, l'entreprise poursuit ses efforts afin de concourir à la réduction des impacts des activités humaines sur le monde qui nous entoure, dans toutes ses dimensions (ce qui la distingue de bien d'autres opérateurs), par exemple à travers la conception de services contribuant à la lutte contre le réchauffement (tels que les système d'alerte aux catastrophes naturelles) et ses préoccupations concrètes vis-à-vis de la biodiversité ou de sa consommation d'eau (trop souvent oubliée).

Malheureusement, dans son cœur de métier, les nouvelles sont mauvaises. Ainsi, en dépit de ses investissements constants dans la production d'énergie renouvelable, son objectif d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2030 est désormais présenté comme probablement difficile à atteindre et ses estimations d'émissions de gaz à effet de serre expliquent clairement pourquoi, avec une hausse de 66% depuis 2020, dont 13% au cours des 12 derniers mois, pour atteindre 14,3 millions de tonnes d'équivalent CO2.

La principale cause de cette augmentation continue depuis 4 ans se situe dans le « Scope 2 » du référentiel international, à savoir, en l'occurrence, la consommation d'énergie des centres de données de Google qui a crû de 37% en 2023. Comme le souligne TechCrunch, les responsables évitent soigneusement d'entrer dans des détails quantifiés mais, selon toute vraisemblance, le développement de l'intelligence artificielle et de ses applications est au premier rang sur le banc des accusés.

Rapport Environnemental Google 2024

Le constat est d'autant plus alarmant que, au détour d'une tentative de minimisation de sa contribution à l'équilibre général (p. 12 pour qui veut vérifier), on découvre que les infrastructures de Google absorberaient environ 1‰ de l'électricité mondiale ! Une seule firme, parmi les dizaines qui s'engouffrent dans les promesses de l'IA, dont la plupart ne s'inquiètent guère de leur empreinte carbone, engloutit 1 MWh sur 1000 MWh produits sur Terre, avec toutes les conséquences que cela implique, dont l'impossibilité manifeste de les verdir à court terme. Et ce n'est que le début !

Naturellement, Google vante les opportunités d'optimisation environnementale que crée l'intelligence artificielle et qu'elle exploite déjà, évoquant notamment un potentiel d'action (à défaut de réduction ?) sur 5 à 10% des émissions de gaz à effet de serre globales. Cependant, avec ces deux parties de l'équation qui convergent dangereusement, il va falloir s'interroger en conscience sur chaque initiative engagée. Les analyses de retour sur investissement des projets d'IA, surtout à vocation climatique, devront impérativement intégrer les effets néfastes des technologies mises en œuvre.

lundi 1 juillet 2024

Monzo innove contre la fraude

Monzo
Face à l'inexorable progression de la fraude sur les paiements, la plupart des banques réagissent par la mise en place de frictions – voire de blocages – supplémentaires dans leurs applications. Monzo veut limiter ces inconvénients en proposant des mécanismes aussi transparents que possible et au libre choix de l'utilisateur.

Les nouveautés en question, qui sont pour l'instant expérimentées auprès des collaborateurs de la jeune pousse et devraient être déployées prochainement, ne résoudront certes pas tous les problèmes. En l'occurrence, elles visent principalement à renforcer les protections – ou, a minima, à rassurer les consommateurs – contre les dangers de perte ou de vol de leur téléphone alors que celui-ci est d'une certaine manière un instrument avec lequel on porte tout son argent sur soi en permanence.

Dans cette lutte contre ce qui relève plus généralement des détournements des accès aux comptes, Monzo introduit donc, en option, un trio de fonctions inédites entièrement configurables. Première étape, le client est invité à spécifier les plafonds – de transferts quotidiens et de retrait de ses réserves – au-dessus desquels il souhaite activer les mesures de précaution auxiliaires. Notons la petite touche de confort que représente la recommandation d'une valeur contextualisée selon les habitudes de chacun.

Puis il faut choisir au moins deux des trois méthodes de contrôle disponibles. Les lieux connus, d'abord, permettent d'enregistrer la ou les localisations géographiques – telles que le domicile – dans lesquelles on s'autorise l'exécution de transactions d'importance et où il est peu vraisemblable qu'un malfaiteur puisse lui-même agir. La désignation d'un contact de confiance, ensuite, celui-ci étant sollicité, dans sa propre application bancaire, afin de pré-autoriser les opérations signalées. Le QR code secret (à conserver hors du téléphone), enfin, devra être présenté pour confirmation d'identité.

Monzo Anti-Fraude

En pratique, lorsqu'il tente de réaliser un transfert dépassant les limites fixées, l'utilisateur se voit demander de sélectionner une des modalités de vérification qu'il a prédéfinies. Avec la géolocalisation, la procédure se déroule en arrière-plan, sans autre interruption, tandis qu'elle est mise en suspens dans les autres cas, en attente de réponse du proche retenu ou de lecture du QR code délivré lors du paramétrage. Et si aucun des modes prévus n'est envisageable pour une raison ou une autre, il reste toujours une solution de repli, à travers une capture d'auto-portrait vidéo.

On le voit, le système mis en œuvre n'est pas sans impact sur le parcours du client. En revanche, le fait de laisser ce dernier décider des conditions dans lesquelles il va subir un désagrément mineur, en contrepartie de sa sérénité, constitue un énorme facteur d'acceptation… tout autant que de sensibilisation aux risques de fraude et de responsabilisation par rapport à son exposition. La démarche de Monzo se place ainsi simultanément dans un registre de protection et d'éducation, idéal pour son efficacité.