Le secteur de l'assurance, comme tant d'autres, ressent une injonction à l'utilisation de l'intelligence artificielle, sans pourtant toujours identifier précisément quels pourraient être ses meilleures opportunités. Alors, Generali entame une collaboration avec un laboratoire du prestigieux MIT afin de l'assister dans ses explorations et dans ses projets.
Concrètement, dès ce début de 2025, les professionnels de l'analyse de données œuvrant dans différentes lignes d'activité de la compagnie travailleront avec trois équipes de recherche spécialisées dans les systèmes d'information et de décision en vue de tirer parti des outils d'IA et d'apprentissage automatique existants dans des cas d'usage nouveaux, pertinents pour les métiers de l'assurance. L'objectif comprend à la fois la création de solutions opérationnelles et le partage de connaissance.
Les thématiques d'application envisagées ne surprendront guère, entre modélisation des risques – dans une perspective d'adaptation des méthodes d'actuariat – et évaluation des dommages sur les sinistres, en passant par ce qui, sous l'expression « smart souscription », semble désigner les moyens de simplifier ses parcours client. On le voit donc, bien qu'il soit explicitement question d'innovation, Generali entend rester dans une logique d'optimisation de ses processus (qui plus est centrée sur sa propre efficacité plus que sur les besoins des clients), sans rêver de rupture industrielle.
La démarche de l'assureur répond de la sorte aux défis auxquels sont confrontées toutes les institutions financières devant l'émergence d'une technologie présentée comme une profonde menace pour leurs pratiques historiques. Elle vise à trouver la voie vers une adoption rationnelle, qui lui permettre d'en tirer la valeur promise sans remettre en cause sa nature prudente et conservatrice. On peut toutefois s'étonner qu'il recoure dans ce but à une structure de recherche (certes appliquée) et non aux fournisseurs, toujours prêts à accompagner les entreprises désireuses d'exploiter leurs outils.
Enfin, l'initiative me paraît entachée d'un défaut classique – et particulièrement tentant avec un sujet aussi médiatisé que l'intelligence artificielle – mais rédhibitoire. Elle aborde en effet l'ambition d'innovation par le mauvais bout, dans une approche qui part d'une réponse prédéterminée puis recherche les problématiques que celle-ci est susceptible de traiter. Voilà une manière idéale d'aboutir à de fausses bonnes idées, marquées par un biais de confirmation quasiment inévitable. Je crains fort que les experts – plutôt techniques – du MIT ne soient pas les mieux placés pour esquiver un tel danger…
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