Un soir de décembre, à Los Angeles, un taxi autonome (Waymo) tourne à une intersection et percute un robot de livraison (Serve) qui, selon celui qui a filmé la scène, aurait traversé au feu rouge et un peu trop hésité avant de remonter sur le trottoir. Aucun dommage pour cette fois mais un tel scénario soulève des questions… d'assurance.
Bien sûr, le développement des algorithmes de pilotage automobile assisté ou automatique ont depuis quelque temps suscité des réflexions sur les couvertures appropriées aux accidents qu'ils sont susceptibles de provoquer… mais, le plus souvent, elles portent sur leur relation avec l'environnement existant et, en particulier, les autres usagers – humains – de la route. Cependant, la multiplication des objets circulant sur la voie publique sans personne aux commandes introduit des défis additionnels.
La problématique est évidemment moins critique quand aucun individu n'est impliqué mais, a contrario, elle peut rapidement prendre de l'ampleur si, comme le confirme un représentant de Waymo dans un article de TechCrunch, les véhicules n'exercent pas la même prudence extrême au voisinage de choses inanimées (ici correctement détectée) qu'en cas de détection d'une forme de vie, ce qui accroît mécaniquement le risque de collision et, au moins au premier niveau, de litiges entre entités logicielles.
Comment seront donc traitées ces péripéties ? Sur l'événement documenté, il semblerait que, après quelques instants de remise au point, les deux appareils (dont le taxi, inoccupé à ce moment-là) aient repris leur route comme si de rien n'était. Peut-être ont-ils procédé à une évaluation de leurs dégâts respectifs auparavant et, quoi qu'il en soit, toutes les données utiles sont captées et conservées, afin de permettre un diagnostic a posteriori. Cependant, aucun constat formel d'accident n'a été établi ni n'était prévu.
Nul doute que si les circonstances s'avéraient graves, une alerte serait transmise aux entreprises impliquées, qui dépêcheraient alors quelqu'un sur place de manière à engager les démarches requises (déclaration de police, évacuation des robots…). Mais ne serait-il pas envisageable d'automatiser une partie de celles-ci ? Ne devrait-on pas, par exemple, mettre en place un protocole permettant aux machines d'entamer elles-mêmes un partage d'information en vue de résoudre un éventuel conflit ?
En l'état, les responsabilités seraient déterminées au cas par cas, vraisemblablement par les assureurs des entreprises, à partir des informations que ces dernières acceptent de leur fournir ou sont obligées, contractuellement, de mettre à leur disposition. Leurs experts – assistés dans ces tâches par des agents intelligents, le cas échéant – devront toutefois apprendre à exploiter ces sources pour émettre un jugement et convenir des modalités de prise en charge. Serait-il possible d'automatiser certaines étapes ?
Le monde des robots est en train de s'inventer et il se développe rapidement, entraînant toutes sortes de nouveaux challenges auxquels il faudra bien répondre à court terme. Le secteur de l'assurance figurera parmi les plus mis à contribution dans cette révolution : saura-t-il imaginer et mettre au point les solutions adaptées ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Afin de lutter contre le spam, les commentaires ne sont ouverts qu'aux personnes identifiées et sont soumis à modération (je suis sincèrement désolé pour le désagrément causé…)