Vous l'avez certainement lu comme moi, un peu partout : les jeunes de la génération Y (ou les "digital natives") dédaignent la messagerie classique et n'utilise plus que réseaux sociaux, IM et SMS pour communiquer, faisant palir les "vieux" (managers, responsables de la sécurité, directeurs informatiques...) dans les entreprises qui se demandent où cela les mènera...
Récemment, Craig Roth (Gartner), argumentait de manière très judicieuse sur le sujet : les besoins de communication des jeunes que ne satisfont pas la messagerie sont très différents des besoins d'échanges dans un environnement professionnel et les digital natives utiliseront la messagerie lorsqu'ils arriveront dans l'entreprise, car elle constitue un média beaucoup mieux adapté à ces besoins.
Lorsque j'ai lu son article, Craig m'avait convaincu mais, après 3 semaines de rumination, le doute s'est insinué en moi et je pense finalement qu'il est passé totalement à côté du coeur du "problème" : ce ne sont pas les outils qui comptent mais bien les modes de communication. Je pense en effet que, loin d'adopter la messagerie pour se "couler" dans le moule de l'entreprise, les générations Y vont en fait y apporter leurs solutions préférées pour adapter leurs habitudes de collaboration à leur travail.
Et, si on y réfléchit un peu, ce pourrait être une évolution salutaire ! Quand je compare les difficultés à faire accepter le concept de travail collaboratif dans les entreprises (j'ai quelques missions à mon actif sur ce thème...) à la facilité avec laquelle les jeunes font appel à leur "réseau", en temps réel, pour résoudre le moindre problème (par exemple pour réaliser leurs devoirs scolaires), il me semble que l'entreprise a tout à gagner dans cette transformation.
Reste que la transition va être difficile : la collision des approches est inévitable, même si elle doit encore attendre que les jeunes accèdent à des postes où ils pourront faire valoir leurs idées. L'expérience montre que pour de nombreux collaborateurs (la majorité), et quelles que soient les incitations (quand elles ne se limitent pas à mettre en place un nouvel outil), le travail collaboratif n'est pas naturel. Si (ou quand) l'entreprise devient "hyper-collaborative", une nouvelle génération d'exclus se prépare... Et alors, la question de l'utilisation ou non de la messagerie deviendra bien anecdotique...
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