L'accès direct aux données brutes leur permettant de mettre au point leurs modèles d'évaluation des risques représente une aubaine qui n'échappe pas à l'attention des géants de la réassurance. Swiss Re en propose aujourd'hui une démonstration supplémentaire en signant une collaboration avec le chinois Baidu autour de la voiture autonome.
Les ambitions des deux partenaires portent sur le long terme, dans un domaine universellement considéré comme une source importante d'opportunités et d'innovation pour le secteur. En effet, si le premier produit développé concerne un aspect relativement trivial (mais opérationnel), à savoir un valet de parking automatique conçu par la filiale spécialisée Baidu Apollo, les projets futurs viseront plus largement les plates-formes de conduite robotisées, les cockpits intelligents ou encore les taxis sans pilote.
Du point de vue de Swiss Re, les principes de fonctionnement de ces couvertures de demain sont particulièrement propices à son implication au cœur de leur conception. La disponibilité de données extensives (sinon exhaustives) d'exploitation issues du terrain, sur lesquelles elle peut facilement exercer son expertise statistique et actuarielle, sans intermédiaires, représente une transformation quasiment naturelle de son métier historique d'agrégateur des risques garantis individuellement par les assureurs.
Mais l'initiative est également dictée par l'accélération des évolutions technologiques. Quand, par exemple, une mise à jour logicielle change du jour au lendemain le comportement d'un parc de véhicules ou l'émergence d'un virus fait craindre une vague de dysfonctionnements majeurs, l'assurance se doit de coller au plus près de ces modifications afin de rester pertinente, qu'il s'agisse de prendre en compte les impacts sur les sinistres pris en charge ou de mieux répondre aux attentes des automobilistes.
Le but ultime – un peu utopique – de Swiss Re et Baidu serait de développer une sorte de modèle d'analyse générique, fondé sur une compréhension formelle intime des algorithmes mis en œuvre dans les voitures et capable d'estimer les probabilités d'incidents, ainsi que leurs conséquences en termes d'indemnisation, en amont de leur déploiement. C'est cette perspective qui, bien entendu, justifie la mise en commun des compétences, informatiques de l'une et actuarielles de l'autre, des deux entreprises.
En arrière-plan de cette annonce, la mutation des structures classiques de marché se précise, derrière laquelle le rôle des compagnies traditionnelles semble se réduire à la portion congrue, coincées entre des acteurs industriels qui, arguant notamment de leur meilleure connaissance de leur technologie, sont de plus en plus crédibles comme distributeurs de garanties et des réassureurs qui, autant par souci d'expansion que par exigence de rationalisation et par simples avancées en matière de faisabilité, sont de mieux en mieux positionnés pour créer des polices prêtes à commercialiser.
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