Historiquement focalisée sur les marchés asiatique et africain, Standard Chartered n'opère plus, depuis bien longtemps, en tant que banque de détail au Royaume-Uni, bien que son siège social soit toujours sis à Londres. Elle s'apprête cependant à y revenir en force, en 2022, avec une offre originale et au travers d'une approche plutôt étonnante.
Naturellement, au vu de la pléthore d'acteurs présents sur le territoire britannique, le lancement d'une énième néo-banque n'aurait guère eu de sens. Aussi Shoal (c'est le nom de la nouvelle venue) se concentre-t-elle initialement sur un segment moins encombré, autour de l'épargne, en lui donnant une teinte verte et durable aussi porteuse de différenciation concurrentielle qu'inscrite dans les tendances les plus en vogue actuellement, en profitant habilement (?) de la COP26 pour en dévoiler les contours.
Accessible (en ligne, bien sûr) à partir d'une livre sterling et assorti d'un taux d'intérêt compétitif, le compte veut en finir définitivement avec l'opacité traditionnelle des institutions financières quant à leur utilisation des dépôts de leurs clients. Alors, la première mesure en faveur de la transparence que mettra en œuvre Shoal consiste donc à garantir que tous les fonds collectés serviront à financer des projets alignés avec un ensemble de valeurs fondamentales de responsabilité sociale et environnementale.
Deuxième principe, l'épargnant se voit offrir le choix des thématiques auxquelles il souhaite que ses économies contribuent. Sont ainsi proposés, pour l'instant, l'accès à l'eau propre, le développement des infrastructures collectives (écoles, hôpitaux…) et les énergies renouvelables. Plus concrètement, chacun de ces domaines correspond en fait à un ou plusieurs projets réels, dont l'entreprise s'engage à fournir des informations régulières sur leur avancement à ceux qui les auront sélectionnés dans leur portefeuille.
Un aspect particulièrement notable de l'initiative réside dans sa logique intrinsèque de rééquilibrage nord-sud, tellement critique dans les préoccupations de développement durable. En effet, avec Shoal, les citoyens d'un pays riche ont l'opportunité de participer à la réduction des inégalités dans les régions défavorisées. En pratique, Standard Chartered profite de sa présence internationale pour accompagner, avec l'argent collecté en Angleterre, des réalisations en Angola (par exemple une usine de traitement de l'eau), au Ghana (un hôpital), en Indonésie (une centrale photovoltaïque flottante).
Dans un tout autre registre, la démarche de Standard Chartered réserve une surprise de taille : en dépit de son expertise (métier et technologique), l'institution a préféré s'appuyer sur la plate-forme de services prêts à l'emploi de Starling Bank, avec ses agréments réglementaires, pour l'élaboration de sa solution. Voilà encore un succès significatif pour la jeune pousse et une démonstration supplémentaire du modèle de banque composite, permettant de produire une forte valeur ajoutée sans investir dans un socle coûteux.
En comparaison des innombrables annonces ressortant du « green-washing » qu'ont occasionnées l'édition 2021 de la conférence sur le climat, entre autres de la part des institutions financières du monde entier, Shoal représente une référence à la fois engagée, pragmatique, à impact positif réel et susceptible de trouver un écho auprès de sa cible, grâce à un message facile à comprendre et une transparence bienvenue. Il reste à démultiplier le concept et peut-être pourra-t-on éviter le pire pour la planète…
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