Grâce à la deuxième directive européenne des services de paiement (DSP2), le concept de banque ouverte a commencé à entrer dans notre quotidien. Malheureusement, il reste encore confidentiel et les consommateurs n'en perçoivent guère les bénéfices. Le partenariat que viennent de signer Neonomics et Huawei pourrait changer la donne.
Certes, les deux entreprises ne sont pas les stars de leurs domaines respectifs. Pourtant, l'une fait partie des innombrables fournisseurs d'agrégation de services bancaires nés dans le sillage de la réglementation, basée en Norvège et essayant de couvrir l'ensemble de l'Europe, tandis que l'autre, prise dans la guerre commerciale entre Chine et États-Unis, cherche à affirmer sa présence face aux boutiques d'applications mobiles de Google et Apple… et parvient à capter 90 millions d'utilisateurs sur le vieux continent.
Au terme de leur accord, qui a certainement pu éclore grâce à leurs positions de challengers, les API de Neonomics sont mises directement à la disposition des développeurs qui ciblent l'AppGallery de Huawei. À défaut de détails précis, il faudra hélas se contenter d'imaginer les contours de la promesse. Cependant, le principe est clair : l'intégration de l'accès aux comptes, aux soldes et aux transactions ainsi que l'initiation de paiement font désormais partie des fonctions de base du kit de programmation.
Concrètement, n'importe qui pourra ajouter ces capacités au sein de ses réalisations pour les téléphones de la marque, de la même manière qu'il est aujourd'hui possible d'incorporer la prise de photo ou autre service natif, moyennant quelques lignes de code. Naturellement, cette option sera assortie des garanties (légales) d'usage, par exemple en matière de consentement de l'utilisateur, et des mesures de sécurité complémentaires seront même proposées, afin, notamment, de renforcer la protection contre la fraude.
Ce qui est moins explicite est le modèle contractuel et tarifaire mis en place. En effet, s'il impose une interaction avec Neonomics, il limiterait quelque peu la flexibilité et la transparence de l'approche. Autre sujet éminemment délicat, Huawei étant sujet à controverse en raison de ses liens avec le gouvernement chinois, son implication dans les connexions bancaires peut susciter quelques inquiétudes, même si la communication affirme qu'aucune intermédiation n'intervient entre le mobinaute et l'agrégateur.
Toujours est-il que la démarche empruntée par le constructeur pourrait inspirer les deux autres géants du mobile, tout aussi tentés de capitaliser sur les opportunités des paiements et autres thèmes liés à l'argent. Imaginons un instant (en laissant de côté les habituels risques d'abus liés à leur situation hégémonique) que les API de banque ouverte deviennent demain des composantes standards de leurs librairies de développement. Il ne fait aucun doute que ce serait là un moyen de démocratisation incomparable et un catalyseur d'innovation extraordinaire pour la notion de finance enfouie.
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