Après une phase expérimentale entamée l'année dernière – dont les résultats se sont fait attendre un peu plus longtemps que prévu –, les principales banques britanniques s'engagent désormais formellement dans l'industrialisation d'un réseau partagé de points de service destiné à couvrir les zones où elles ferment massivement leurs agences.
Sous la houlette de leur association professionnelle, UK Finance, neuf établissements – tous les grands noms sont au rendez-vous : Barclays, HSBC, Lloyds Banking Group, Nationwide Building Society, NatWest Group, Santander, Virgin Money, Danske Bank, TSB – participent à la création et au financement d'une entité à but non lucratif, baptisée Cash Access UK, dont le rôle officiel consistera à garantir aux citoyens l'accès aux espèces sur l'ensemble du territoire, via l'installation de « hubs » dédiés (dont la logistique est assurée par l'entreprise en charge des bureaux de poste).
En complément des 4 implantations mises sur pied pour les premiers tests, dont la prolongation de leur fonctionnement jusqu'au printemps 2023 avait été annoncée précédemment, des plans ont d'ores et déjà été élaborés pour porter le total à 29, à terme. Le modèle d'origine reste inchangé : outre la distribution et le dépôt de billets et de monnaie, ainsi que quelques autres services basiques, ces centres hébergent des spécialistes offrant leurs conseils (génériques) sur les sujets plus complexes à tous les visiteurs, quelle que soit l'enseigne dans laquelle ils détiennent leurs comptes.
Si la fréquentation des lieux semble satisfaire les responsables du projet (tout en démontrant une certaine adéquation avec les attentes du public), son extension est vraisemblablement motivée avant tout par les menaces réglementaires. Les autorités, toujours plus inquiètes de la désertification bancaire en forte progression dans le pays alors que près de 10% des consommateurs persistent à régler la plupart de leurs achats en liquide, envisagent en effet sérieusement de légiférer sur la distribution de cash.
Selon toute probabilité, la démarche de l'industrie est donc essentiellement défensive, à travers une solution a minima, notamment en termes de coûts, et la transition intégrale vers les services « digitaux » constitue plus que jamais la priorité stratégique de ses acteurs. Mais combien de temps maintiendront-ils les discours de façade qui vantent la valeur de la relation de proximité avec un conseiller humain… disponible exclusivement pour les clients qui ont le loisir de se rendre dans les locaux où il opère ?
Il faut peut-être commencer à s'interroger sur l'avenir des agences résiduelles, celles qui ne tombent apparemment pas, à ce jour, sous le couperet des critères de rentabilité. Depuis plusieurs années, la présence des banques dans les grandes métropoles aussi se réduit continuellement. Les disparitions y sont certes moins sensibles parce que des alternatives subsistent à distance raisonnable, mais la tendance paraît inéluctable : qui, dans le secteur financier, croit encore vraiment au modèle historique de réseau ?
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