Il y a quelques mois, je signalais dans ces colonnes la collaboration entamée par Lloyds Banking Group avec la jeune pousse NayaOne en vue de la mise en place d'un bac à sable d'innovation industriel. Aujourd'hui, son directeur technique présente les progrès réalisés avec cette initiative, essentiellement dans les interactions avec la FinTech.
Pour mémoire, le socle du dispositif est un environnement « digital » mis à la disposition de la banque par son partenaire et qui héberge, à ce jour, une centaine de solutions tierces, plus de 500 API et 100 jeux de données synthétiques. Tous sont prêts à l'emploi afin d'organiser des preuves de concept (« PoC ») dans les meilleures conditions, à moindre coût (pour toutes les parties prenantes) et dans les délais les plus courts possibles, facilitant une prise de décision sur des critères rationnels et objectifs.
Après un démarrage en douceur, les usages sont désormais passés à la vitesse supérieure. Plusieurs lignes métier de Lloyds ont mené des campagnes d'expérimentation dans le bac à sable, par exemple sur des outils autour du développement durable, et les gains enregistrés sont considérables. À périmètre comparable, les tests ont été exécutés en moyenne cinq fois plus rapidement que ne l'autorisaient les procédures complexes et chronophages en vigueur auparavant (qu'on retrouve dans la plupart des banques).
Cependant, et comme je l'évoquais déjà dans mon précédent article, cette composante n'est qu'une brique dans une stratégie d'innovation, certes importante mais qui ne se suffit pas à elle-même. Or l'institution financière l'a bien compris et elle a donc élaboré un parcours de bout en bout pour l'intégration des offres de la FinTech dans ses systèmes, dont elle considère, incidemment, qu'il s'agit de la voie principale – sinon exclusive – pour adopter des technologies émergentes et développer de nouveaux services.
Précision intéressante, Victor Weigler affirme que le déploiement du bac à sable et la démonstration de l'accélération qu'il permet ont largement contribué à déclencher la réflexion sur l'ensemble de la démarche. Celle-ci continue à être affinée, de manière à réduire ou éliminer les frictions résiduelles. Lloyds participe ainsi notamment à un groupe de travail sectoriel destiné à créer un « passeport », grâce auquel les jeunes pousses, connaissant par avance une série de prérequis universels bien identifiés, pourraient encore gagner du temps dans leurs négociations avec les grands groupes.
Alors que les acteurs de la finance ne jurent que par la transformation et l'innovation, rares sont ceux qui, dans cette perspective, ont mis en place des processus formalisés, pourtant indispensables à une approche efficace et optimisée. Et, une fois cette première étape engagée, il apparaît vite, en général, que l'organisation informatique n'est pas à la hauteur de l'ambition : c'est à ce moment que surgit l'évidence du bac à sable (et qu'il apporte sa véritable valeur). Lloyds a pris le chemin à contresens mais son erreur a maintenant été reconnue et rectifiée. La leçon méritera d'être retenue…
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