Il ne faut certainement pas exagérer l'ampleur de l'événement, mais l'annonce par Diebold Nixdorf de son placement volontaire sous la protection de la loi américaine des faillites, dans l'objectif d'une restructuration financière devenue indispensable, signale probablement que les années de gloire des automates bancaires s'achèvent.
Les premiers signes sont apparus depuis quelques temps déjà, entre, par exemple, les regroupements massifs opérés par les banques un peu partout dans le monde (y compris en France ou en Belgique) afin de rationaliser leurs réseaux, la diminution du nombre d'installations observée dès 2019 et les disparitions auxquelles sont de plus en plus fréquemment confrontées les populations rurales (notamment au Royaume-Uni).
La baisse du recours aux espèces pour les paiements du quotidien, au profit des cartes et de leurs déclinaisons dématérialisées dans les téléphones mobiles, qui s'est en outre fortement accentuée à l'occasion de la crise sanitaire (même si une remontée est constatée avec la normalisation de la situation), constitue évidemment la première raison du phénomène puisque les retraits représentent toujours le principal usage des GAB.
Voilà un cruel verdict pour la stratégie de Diebold Nixdorf qui, consciente de la tendance, misait sur la diversification des capacités de ses appareils pour rebondir. Comme je le pressentais il y a 4 ans, l'accès à des services par ailleurs toujours à portée de main dans les applications des banques ou les possibilités de dépôt de chèques et d'espèces, qui suivent le même destin que les retraits, ne peuvent suffire à sauver les automates.
Certes, quelques établissements, mutualistes en tête, voire les pouvoirs publics dans les pays les plus affectés par la désertification, tentent de maintenir une présence, surtout quand les agences aussi ferment à un rythme soutenu, mais il paraît illusoire pour un fabricant, dans ce contexte (qualifiable de minimisation des impacts négatifs), d'espérer commercialiser des équipements sans cesse plus sophistiqués et donc plus coûteux.
Au-delà de ses conséquences pour les entreprises dont l'activité dépend largement de la distribution de pièces et de billets, telles que Diebold Nixdorf (et les transporteurs de fonds ?), le déclin des espèces pourrait également marquer une transition majeure dans la banque, pour laquelle il s'agit d'un des derniers bastions « physiques » de leurs métiers. Quand tous leurs services seront « digitaux », deviendront-elles virtuelles ?
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