Depuis le lancement public de ChatGPT, l'intelligence artificielle générative s'est infiltrée partout. Il paraît donc logique qu'elle entre dans les outils de gestion de finances personnelles. En l'occurrence, l'américaine Monarch est l'une des premières à tenter l'aventure, pour une interaction plus naturelle entre le consommateur et son argent.
Propulsé par le moteur GPT-4 de la société OpenAI à l'origine du phénomène mondial de ces derniers mois et entraîné sur les thématiques spécifiques de son domaine d'activité, l'assistant de Monarch fonctionne selon le mode conversationnel classique des plates-formes de tchat. Son utilisateur pose donc ses questions en langage naturel et il obtient en retour des réponses personnalisées (dont la qualité s'affinera au fil du temps), assorties de recommandations pratiques, le cas échéant, sous la même forme.
Les illustrations dévoilées, alors que la solution n'est déployée que pour un test privé, à ce stade, montrent en effet des capacités à la fois de suivi des comptes – par exemple la surveillance des dépenses par catégories ou leur comparaison avec la moyenne d'une population similaire – mais également de contrôle de respect des objectifs fixés – suis-je toujours aligné sur mon projet d'achat immobilier l'an prochain ? –, d'aide à la décision – comment faire des économies ? quelle prochaine action devrais-je entreprendre ? –, voire de prise en charge de démarches – telles que la résiliation d'abonnement.
L'initiative semble prometteuse et laisse entrevoir un changement de génération pour le PFM (qui en a bien besoin)… mais elle souffre encore de quelques limitations gênantes. Parmi celles-ci, je placerais en tête l'approche exclusivement réactive du dispositif : en limitant son rôle à des réponses aux demandes explicites de la personne, il n'apportera de bénéfices qu'à qui saura l'interroger (et prendra le temps de le faire). Pour un accompagnement plus efficace, des suggestions spontanées sont essentielles.
Dans un registre totalement différent, face à la montée des préoccupations vis-à-vis de possibles intrusions dans la vie privée, Monarch prend grand soin d'expliquer que les données de ses clients ne sont jamais transmises à quiconque (entre autres pour la mise au point des modèles algorithmiques). Les précautions prises sont extrêmes puisque même les analyses comparatives reposent sur des informations publiques et non sur une collecte interne anonymisée… qui pourrait pourtant offrir de meilleurs résultats et est généralement considérée comme un usage acceptable par le grand public.
Bien sûr, l'introduction de l'intelligence artificielle dans l'univers financier n'en est qu'aux balbutiements et la jeune pousse a bien d'autres projets en la matière, au-delà des prémices qu'elle soumet aujourd'hui à quelques cobayes. De mon point de vue, il ne fait guère de doute que nous assistons là aux premiers pas d'une nouvelle forme de conseil (authentique), qui veut donner à madame et monsieur tout-le-monde l'équivalent d'un banquier privé… et qui risque d'enterrer définitivement le principe (et l'emploi) du « conseiller » humain dont le travail se cantonne trop souvent à la vente de produits.
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