Dans le monde entier, les laboratoires de recherche scientifique peinent régulièrement à rassembler les financements nécessaires à leur mission, indispensable préliminaire à l'innovation. Une néo-banque britannique, dont le lancement est prévu à l'automne, imagine donc de proposer aux consommateurs d'y contribuer directement.
Avec son offre (minimale) composée d'un compte courant et d'une carte de paiement, le principe de Science Card reprend d'abord les mécanismes classiquement employés pour les dons aux associations : outre l'engagement de la jeune pousse de reverser une partie de ses profits, ses clients auront la possibilité d'arrondir le montant de chacune de leurs transactions et affecter la différence au projet de leur choix parmi ceux qui auront été préalablement sélectionnés. Les participations libres sont également bienvenues.
Cependant, aux côtés de cette version totalement gratuite, une option payante (à 19,90 livres par mois), baptisée « compte fusion » prolongera dans un deuxième temps le dispositif vers une dimension d'investissement prospectif. Sans que tous les détails pratiques n'en soient précisés, les souscripteurs bénéficieraient ainsi d'une part dans la propriété intellectuelle susceptible d'être produite par les travaux subventionnés et pourraient espérer, à terme, percevoir une fraction des royalties générées.
En amont, la startup engage un véritable travail de curation afin d'identifier les chantiers qu'elle mettra à son catalogue (jusqu'à 32 lors de son démarrage), dont les directeurs recevront directement les fonds collectés en leur nom. Portés par les grandes universités du Royaume-Uni, dans des domaines à fort impact sociétal (santé, changement climatique et informatique quantique), les dossiers candidats seront évalués sur la base de la méthodologie, éprouvée dans le monde scientifique, de revues par les pairs.
S'il faut déplorer les extrémités auxquelles sont réduits les chercheurs modernes pour continuer à faire progresser les connaissances de l'humanité, la démarche de Science Card possède des vertus périphériques à son objectif principal de financement. En effet, l'incitation à distribuer quelques pennies à divers projets menés dans les laboratoires les plus prestigieux s'accompagnera peut-être d'une curiosité pour leur déroulement (que satisfait aussi la néo-banque), aidant de la sorte à mieux diffuser leurs promesses et leurs résultats. Qui sait ? Des vocations pourraient même être encouragées…
Le modèle retenu, qui place les établissements de recherche au même niveau que les organisations caritatives, pose toutefois question, tandis que la déclinaison qui fait miroiter une rentabilité future est potentiellement risquée, tant cette dernière est hypothétique et extrêmement lointaine. N'aurait-il pas été plus logique, plus efficace et, surtout, plus transparent de déployer une plate-forme de crowdfunding spécialisée, dans laquelle, en outre, les équipes impliquées pourraient communiquer sans intermédiaires ?
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