Après une période d'euphorie, le doute a envahi l'univers de la conduite autonome ces derniers mois. Un de ses acteurs les plus importants multiplie les études scientifiques afin de démontrer qu'elle demeure malgré tout un facteur d'amélioration majeur de l'automobile de demain, en particulier en matière de réduction des accidents.
Le phénomène ne peut surprendre avec une technologie prétendant remplacer l'intelligence humaine dans une de ses activités les plus banales et les plus quotidiennes… mais le débat sur la qualité des systèmes informatiques qui s'installent progressivement au volant est faussé. Il suffit en effet de quelques incidents, immédiatement médiatisés sur toute la planète, pour mettre en cause leur fiabilité… en oubliant les dégâts considérables causés par les pilotes en chair et en os.
Dans une démarche de rationalisation des appréhensions, Waymo, qui dispose de flottes sans chauffeurs dans deux grandes villes américaines, a engagé une collaboration avec le réassureur Swiss Re. Ce dernier a publié, à l'automne dernier, les résultats d'une analyse inédite comparant objectivement ses propres dossiers de sinistres en responsabilité civile, affectant tous les véhicules actuellement en circulation, avec les événements survenus lors des courses autonomes de la jeune pousse.
Les premières conclusions de la recherche, qui devait faire l'objet d'une diffusion sous revue de pairs, sont éloquentes et confirment les bénéfices de la voiture autonome pour la sécurité routière. Une fois les données étalonnées, notamment en termes de kilométrage et de répartition géographique, le conducteur logiciel peut ainsi se vanter d'une réduction de 76% sur la fréquence des occurrences de dommages matériels et de… 100% sur les blessures aux personnes (aucun cas n'a été enregistré).
Ces écarts paraissent faciles à expliquer. Quelles que soient les erreurs de code et autres circonstances imprévues, rares mais toujours possibles, et en écartant les accidents absolument inévitables, le robot possède un avantage indéniable et inégalable sur l'individu qui se trouve à l'origine de la plupart des sinistres par manque d'expérience et de pratique, par distraction émanant de son téléphone ou de ses passagers, par fatigue, en raison d'un abus d'alcool ou autre substance illicite…
L'enthousiasme pourra potentiellement être tempéré par la valeur statistique de l'étude puisque, bien que ses bases soient présentées comme solides, elle repose sur un peu plus de 6 millions de kilomètres parcourus par les véhicules de Waymo, ce qui correspondrait à seulement 4 occasions de blessures selon les estimations réalisées sur les 600 000 déclarations et 200 milliards de kilomètres couverts par les données d'assurance. La performance méritera donc d'être confirmée avec le temps.
Elle n'est pas courante mais l'initiative de Swiss Re, ici aux côtés du spécialiste Waymo, est parfaitement logique : même s'il est à ce jour embryonnaire, le développement de la voiture autonome est probablement inéluctable et il exercera un impact formidable sur les modèles d'assurance mis au point au fil de décennies de progrès incrémental. Outre les nouveaux enjeux de responsabilité quand le conducteur humain aura disparu, il faut rapidement accumuler les points de référence qui permettront d'adapter les calculs actuariels à une génération radicalement différente de véhicules.
Actualité repérée grâce à Florian (merci !)
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