Le Projet Fou (c'est son nom officiel) n'est certes pas la première initiative proposant aux consommateurs de mettre de côté le cashback empoché grâce à leurs achats – Groupama, par exemple, introduisait HUG dès 2019 – mais son intégration avec un concept sous-jacent de carte prépayée ouvre de nouvelles perspectives.
Porté par Smart Good Things, groupe ombrelle pour toutes sortes d'aventures entrepreneuriales dont le point commun est l'engagement sociétal, notamment autour de causes telles que la formation, l'égalité femmes-hommes et le bien-être des aînés, Le Projet Fou vise à encourager les français à prendre en main leur future retraite, dans un contexte où cette dernière constitue justement une source de préoccupation croissante… que la réforme votée en 2023 n'a pas soulagée, loin de là.
Comme toujours, un moyen simple de stimuler les « bons » réflexes de gestion financière consiste à accompagner les premiers pas, en espérant que la sensibilité ainsi éveillée déclenche ensuite l'adoption spontanée d'un comportement adéquat. En l'occurrence, il s'agira donc de convertir en épargne les récompenses accordées sur les dépenses effectuées auprès des commerçants partenaires. Même si les sommes unitaires en jeu restent modestes, leur cumul au fil des ans peut représenter un capital significatif, dont la valorisation est susceptible d'éclairer l'opportunité à saisir.
Le principe est désormais (presque) classique mais il présente ici une originalité puisque, au lieu de reposer sur une intermédiation pour le transfert vers un compte d'épargne des primes en numéraire remboursées par les commerces, ce sont les marchands qui choisissent eux-mêmes d'offrir le service à leurs clients. Les efforts qu'ils consentent à des fins de marketing – les promotions au service de la conquête et de la fidélisation – sont alors assortis d'une dimension de responsabilité sociale.
C'est dans ce but que Le Projet Fou distribue des cartes prépayées spécifiques à chaque enseigne participante – le catalogue en comporte déjà plusieurs dizaines, dont des grandes marques tels que Carrefour, Decathlon, FNAC, Galeries Lafayette, Ikea, Last Minute, Rakuten… Chacune détermine le niveau d'avantage octroyé aux porteurs et les modalités et autres restrictions d'utilisation, mais toutes garantissent que leur contribution est affectée à l'épargne retraite mise en place par la jeune pousse.
Précisons toutefois que, à ce stade, le dispositif n'est pas finalisé. Dans un premier temps, les montants collectés sont conservés sur un compte de dépôt basique, non rémunéré. Une autre entité de Smart Good Things, baptisée Smart Good Retraite, est en charge du déploiement, sous trois ans, d'un « vrai » produit d'épargne retraite, vraisemblablement issu d'une institution existante. Dès son lancement, les épargnants seront invités à y transférer leurs avoirs, bloqués 20 ans dans tous les cas.
Bien que l'étape d'acquisition de la carte en amont induise une friction dans le parcours, l'implication directe des grandes entreprises de la distribution au cœur de la démarche du Projet Fou renforce considérablement son impact, au bénéfice de sa mission pédagogique. En outre, la possibilité d'utiliser le même support comme un cadeau à tiroirs – d'abord son montant facial puis son bonus pour la retraite – génère une deuxième occasion de propagation, virale, de ses vertus pour le bien-être financier.
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