Quand le Crédit Coopératif, fervent défenseur de ses valeurs mutualistes, commandite son observatoire du sens de l'argent, il s'attache plus à une dimension sociétale que personnelle du sujet. Si, en conséquence, les résultats n'aideront pas à mieux accompagner les clients dans leur relation quotidienne avec leur budget, il donneront aux banques une petite idée de ce qu'ils attendent de leur part.
Commençons par une petite mise au point, car, dans mon esprit, la notion de « sens de l'argent » relève d'abord de l'attitude psychologique de chaque individu face à son porte-monnaie. Dans une simplification grossière des nuances infinies qui nous distinguent les uns des autres, elle se répartit dans quatre grandes catégories correspondant à la perception associée de liberté, de plaisir, de générosité ou de pouvoir. Leur connaissance et l'identification du penchant de son interlocuteur permettent d'ajuster le conseil selon ses motivations profondes, pour plus d'efficacité.
En l'occurrence, c'est un autre angle d'étude que choisit le Crédit Coopératif. Il est ici plutôt question de la valeur de l'argent pour la collectivité. Dans ce registre, les disparités sont tout aussi marquantes et transcendent également, en grande partie, les écarts de ressources ou de patrimoine. En revanche, elle se détermine clairement par rapport à une inégalité en matière de littératie financière et économique, qui, certes, est fréquemment liée à une classe sociale mais n'en est pas un facteur définitif.
En synthèse, les répondants se distribuent dans cinq profils types, que le Crédit Coopératif divise entre, dans mes termes, optimistes et pessimistes. Au plus bas de cette échelle, se trouvent une petite minorité (6%) qui est tellement perdue qu'elle est incapable de répondre à la plupart des questions posées. Vient ensuite une autre frange (11%), relativement bien informée, dont la vision est individualiste. Entre les deux, plus d'un quart de l'échantillon, peu cultivé, ne croit pas à un rôle positif de l'argent. Pour ces deux derniers clans, la banque n'apparaît pas comme porteuse de solutions.
De l'autre côté de la barrière, les plus nombreux (35%) ne sont pas particulièrement sereins et montrent des lacunes en termes d'éducation financière… mais ils sont toutefois confiants dans la capacité de l'argent à résoudre les grands problèmes de notre temps (sociaux et environnementaux, notamment). Et ils estiment que les banques ont une position optimale pour agir dans ce sens, à partir du moment où elles s'inscrivent dans une démarche éthique. Enfin, les quelques 21% restant ont une opinion similaire, mais avec l'enthousiasme qu'autorise une situation qu'ils ressentent favorisée.
Naturellement, ces profils différents appellent une approche adaptée de la banque, car leurs attentes vis-à-vis de celle-ci sont évidemment très diverses. D'emblée, une petite moitié des clients la considèrent plus ou moins comme un mal nécessaire, dont ils n'espèrent guère bénéficier de ses services. Parmi eux figurent probablement les nombreuses personnes (24%) qui font du coût minimal de gestion de leurs comptes la priorité absolue. À l'inverse, l'autre (grosse) moitié est réceptive aux enjeux et aux missions de l'institution… mais exigera des preuves de ses engagements.
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