En cette fin 2023, dont l'actualité reflète le calme plat des douze mois écoulés, je me rends compte que le billet ayant recueilli le plus de lectures sur ce blog est celui que je consacrais en juin dernier à la proposition de troisième itération de la directive européenne des services de paiement… qui a pourtant suscité peu de réactions.
Malgré son intitulé générique, le texte sera surtout important pour son volet indépendant traitant de l'ouverture de l'accès aux données financières, au-delà des seuls comptes de paiement couverts jusqu'à maintenant par la DSP2. Une telle extension a naturellement de quoi attirer l'attention, avec des prismes très différents, d'une part des entités qui devront se plier à ses exigences et, d'autre part, de tous les acteurs, du sérail ou non, qui pourraient de la sorte explorer de nouvelles opportunités.
Face aux défis majeurs et aux enjeux considérables qui se dessinent entre les lignes, une certaine apathie semble pourtant s'être installée. Même si, selon toute vraisemblance, les principaux (puissants) intéressés se battent en coulisse afin de limiter les impacts prévisibles sur leurs opérations, aucune évolution notable n'a suivi l'annonce initiale. Il est vrai que les parties prenantes sont parfaitement conscientes que la validation finale et la mise en œuvre prendront encore de longues années.
Peut-être la résignation commence-t-elle également à gagner les détenteurs de données de valeur, finalement convaincus (avec un regard optimiste) que l'obligation qui leur est faite de laisser leurs clients disposer de leur patrimoine informationnel est légitime. En effet, la ligne de défense désormais la plus fréquente consiste plutôt à dénoncer une asymétrie de traitement en comparaison d'autres industries, notamment les géants technologiques, bien que le raisonnement sous-jacent soit artificiel.
Il faut certainement plus s'inquiéter de l'absence de candidats à l'exploitation des nouvelles possibilités offertes par la réglementation à venir. Les services distribués aujourd'hui par les leaders de l'agrégation de comptes permettent d'ores et déjà de tester quelques idées et de préparer le terrain pour une transparence universelle des données financières… mais les exemples d'expérimentation sont rarissimes. La faute en revient au déclin catastrophique de l'innovation dans l'économie actuelle.
En synthèse, la future directive attise la curiosité des observateurs mais rien ne laisse présager d'un quelconque débordement d'énergie en vue de son entrée en vigueur, alors que, aussi lointaine que soit sa concrétisation, sa complexité et son étendue nécessitent un maximum d'anticipation. Une fois encore, la procrastination domine et le passage à l'action, du côté des fournisseurs, finira par intervenir dans la précipitation, tandis que, du côté des utilisateurs potentiels, les premières applications risquent de décevoir.
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