Avec son approche originale de l'ouverture des services de paiement, la banque centrale indienne a dessiné une voie vers un succès dont peu d'initiatives du genre peuvent se targuer. Aujourd'hui, après une phase pilote, elle s'apprête à répliquer son modèle dans l'optique de faciliter l'accès au crédit pour les populations sous-bancarisées.
Résultant autant d'un régime politique accommodant avec les projets étatiques dans un domaine généralement réservé au secteur privé que d'une vision pragmatique, depuis confirmée par les expériences d'autres régions du monde (dont l'Europe), de l'efficacité de l'interventionnisme sur un terrain où les banques (entre autres) ne perçoivent pas immédiatement l'intérêt d'investir, l'UPI (« Universal Payments Interface ») est une plate-forme offrant à tous les acteurs (légitimes) intéressés une interface unique vers tous les moyens de paiement en vigueur, quel que soit l'établissement qui les gère.
En huit ans d'existence, cette démarche d'ouverture a stimulé l'inclusion financière dans le pays, grâce aux opportunités qu'elle a créées pour des entités innovantes, startups ou autres, de déployer facilement des services adaptés aux besoins des plus modestes. Le même espoir de démocratisation porte donc maintenant la nouvelle initiative ULI (pour « Universal Lending Interface »), visant à décliner les mêmes principes, désormais éprouvés, à l'allocation de crédit, en particulier pour les agriculteurs et autres petits entrepreneurs restés à l'écart du système bancaire classique.
Concrètement, l'idée de la RBI consiste à créer une plate-forme consacrée cette fois à l'exposition uniformisée de données personnelles, financières et extra-financières, utilisables dans le cadre d'une décision de crédit. Aux côtés d'historiques de transactions, procurant un aperçu de la situation et du comportement du demandeur, il pourrait s'agir, par exemple, de relevés cadastraux. Naturellement, l'utilisation des informations collectées reste soumise à l'accord explicite de leur propriétaire, les mécanismes d'autorisation reposant sur le registre d'identité « digitale » Aadhaar.
L'ambition est de procurer aux distributeurs de prêts les moyens d'octroyer des financements à des emprunteurs a priori non qualifiés grâce à une palette variée de données facile à interroger, via une méthode standardisée sur un point d'accès centralisé. Comme dans le cas de l'UPI, apparemment, l'intégration des sources opère sur la base du volontariat « encouragé », les institutions publiques étant probablement chargées d'ouvrir la voie et les organisations privées étant invitées à rejoindre le mouvement sur la promesse, entre autres, de ses bénéfices potentiels.
La banque centrale indienne ne précipite pas les événements. Les prémices du projet étaient évoqués dès 2021 et, au-delà des premiers tests réalisés, aucune date n'est annoncée pour une éventuelle généralisation. Mais la patience qui présidait déjà au lancement de l'UPI devrait encore une fois porter ses fruits, même si, avec cette déclinaison, l'exploitation des informations partagées dans le but de qualifier une capacité d'emprunt requerra plus d'efforts que l'intégration de fonctions de paiement.
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