Ce n'est, pour le moment, qu'une tendance émergente, mais le recours aux deepfakes – hypertrucages, en français – par les cybercriminels est appelé à prendre rapidement de l'ampleur. Au Royaume-Uni, Santander anticipe avec une campagne de sensibilisation basée sur la démonstration des véritables capacités de la technologie.
Concrètement, la banque a donc organisé la production de deux vidéos générées par l'intelligence artificielle destinées à illustrer son propos. L'une implique son propre responsable de la lutte contre la fraude – Chris Ainsley, qui, incidemment, a été précédemment victime d'une telle opération d'usurpation d'identité –, dans laquelle il expose le concept et donne quelques indications pour se protéger. La seconde cible un célèbre influenceur financier – MrMoneyJar – à travers la simulation d'une arnaque (classique) à l'investissement mirobolant, dont il révèle ensuite les clés.
Les deux clips sont évidemment partagés sur les réseaux sociaux, où se déroulent la plupart des tentatives d'escroquerie exploitant ce genre de méthodes et qui sont également une des principales sources d'information en matière de finances personnelles pour les jeunes générations. Cette approche offre de la sorte une certaine garantie de toucher les victimes potentielles là où elles sont le plus actives et là où elles sont le plus en danger, et de leur fournir quelques armes défensives « en contexte ».
Notons que les recommandations formulées laissent entrevoir le profond désarroi de l'institution face à un phénomène dont elle ne voit pas comment il pourrait être enrayé. Ainsi, si elle souligne les défauts techniques – flou autour des yeux, clignements insuffisants, désynchronisation des lèvres et des gestes, arrière-plans manquant de naturel… – qui permettent aujourd'hui d'identifier un hypertrucage, elle explique que les progrès de l'IA les gommeront au fil du temps et que, en conséquence, le bon sens est finalement la seule parade efficace. On sait hélas qu'il n'est pas suffisant.
Mais nous n'en sommes pas encore là et, avant que les attaques sophistiquées ne prolifèrent, la priorité consiste bien sûr à informer les consommateurs des nouveaux risques qu'ils encourent et à les inciter à la vigilance. De ce point de vue, la démarche retenue par Santander est plutôt bien pensée, entre, d'une part, sa mise en scène contextuelle et didactique, au ton légèrement humoristique, et, d'autre part, son appui sur les médias concernés au premier chef et sur un relais d'influence populaire.
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