Presque deux ans après la création de sa division logicielle unifiée, BBVA annonce le franchissement d'une étape supplémentaire destinée à stimuler les collaborations et les synergies entre ses équipes de développement… et confirme ainsi indirectement que le seul changement d'organisation ne suffit pas à faire évoluer la culture…
Naturellement, ce constat n'est pas une complète surprise et résonnera dans l'expérience de nombreux responsables informatiques, bien que, comme j'ai souvent l'occasion de le relater, mes contacts (certes superficiels et désormais lointains) avec l'établissement espagnol m'aient toujours laissé l'impression d'une capacité, rarement égalée dans le secteur et dans un groupe international de sa dimension, à rassembler sa communauté de l'ingénierie logicielle autour de valeurs, de principes et d'objectifs partagés.
La réalité est donc têtue : établir et maintenir des synergies entre plus de 15 000 individus, parmi lesquels les esprits indépendants et autres anti-conformistes ne sont pas l'exception, répartis un peu partout dans le monde (en Espagne, en Amérique du Sud, en Turquie… sans compter les inévitables prestations délocalisées) requiert des efforts considérables. Pourtant les enjeux valent largement de s'y atteler, entre les surcroîts d'efficacité et la satisfaction, pour tous, de consacrer l'essentiel de son temps à relever des défis complexes plutôt qu'à le perdre à résoudre des problèmes insignifiants.
Toutes les entreprises confrontées aux mêmes frustrations le savent, une telle ambition passe d'abord par la mise en place d'un ensemble de guides opérationnels, parfois accompagnés de composants prêts à l'emploi, couvrant la totalité du cycle de vie des projets. Leur combinaison débouche sur une méthodologie commune qui a vocation à accélérer et faciliter l'apprentissage des meilleures formules, ainsi que leur mise en œuvre pour, in fine, l'élaboration performante de produits de qualité supérieure.
Cependant, alors que les démarches du genre sont habituellement pilotées par une entité centrale, dont la distance avec les collaborateurs de terrain conduit fréquemment à leur rejet plus ou moins explicite par ces derniers, BBVA retient une approche fédératrice, ancrée dans les usages. En effet, les « playbooks » qui constitueront son corpus de recommandations seront concoctés par les développeurs eux-mêmes, quels que soient leur pays d'implantation et le domaine d'activité métier dans lequel ils exercent.
L'idée sous-jacente est, bien sûr, d'encourager l'adoption des bonnes pratiques en capitalisant sur l'espoir que, quand elles émanent de pairs, elles sont plus acceptables (parce qu'elles sont le résultat d'un vécu vérifiable). Avant de faire de son équipe de développement la meilleure de l'industrie, comme le rêve BBVA, l'initiative aura toutefois à surmonter une autre catégorie de difficultés. En particulier, la gouvernance associée, qui devra louvoyer entre la diversité des participants, l'exigence de cohérence globale et un niveau minimal de contrainte avec ses règles du jeu, reste à préciser…
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