Figurant parmi les pays les plus avancés du bloc européen en matière d'identité « digitale », la Belgique est naturellement à la pointe des explorations de ses usages. Quelques acteurs de l'interim se sont ainsi associés pour le lancement d'une solution dédiée aux travailleurs, dans un objectif de simplification des démarches administratives.
Avec son WorkID, qui prend (apparemment) la forme d'une application web et mobile, les personnes qui ont l'habitude d'enchaîner des contrats temporaires auprès de différentes agences auront la possibilité de fournir leurs données personnelles une seule fois puis de les transmettre automatiquement, sous leur entier contrôle et en toute sécurité, lors de chaque nouvelle mission qu'ils acceptent. Outre le gain de temps et d'efforts, la dématérialisation offre également une garantie de qualité et de fiabilité.
Malgré son appellation un peu réductrice, la plate-forme n'a pas vocation à centraliser exclusivement des informations d'identité. En pratique, tout ce qui peut intéresser un employeur potentiel est susceptible d'être ajouté au profil de l'individu. Il peut ainsi, dès maintenant, joindre son curriculum vitæ ainsi que des copies de son permis de conduire, de ses diplômes et autres certifications… À terme, les concepteurs souhaiteraient intégrer aussi les contenus pertinents des services publics ou sociaux.
Les utilisateurs ont évidemment le loisir de modifier et compléter leurs éléments de référence à leur convenance et ils gardent en permanence la maîtrise de leur consentement à leur communication au bureau d'interim de leur choix (avec une validité par défaut de 3 mois, révocable à tout moment). Un petit regret puisqu'il n'en est pas question à ce stade, mais les coordonnées bancaires mériteraient certainement de figurer dans la panoplie de WorkID, en vue de gérer les versements des émoluments.
Cependant, le plus gros point noir de la démarche est son caractère indépendant. Dans un pays disposant d'un porte-monnaie d'identité « digitale » performant et largement diffusé, la logique voudrait que celui-ci accueille aussi les déclinaisons sectorielles. Au lieu de quoi le nouveau système est bâti séparément, permettant tout au plus une connexion via ItsMe. La contrainte semble résider dans l'incapacité de ce dernier à accepter des extensions fonctionnelles au-delà de son rôle actuel d'authentification.
Les promesses de facilitation des procédures ne pourront être tenues tant que chaque implémentation nécessitera, comme c'est le cas avec WorkID, de créer un compte supplémentaire (en l'occurrence par l'intermédiaire d'une troisième entité, Doccle). Afin de conquérir les consommateurs et convaincre les entreprises de l'adopter, il faut impérativement que le même support soit capable de prendre en charge tous les scénarios de mise en œuvre, chacun correspondant à une facette d'identité distincte et étanche, grâce à une architecture modulaire ouverte… qui reste à définir.
Bien sûr, c'est aussi un défi majeur que devra relever le futur « wallet » européen.
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