Il y a quelques jours, un article de TechCrunch cherchait à rappeler aux fondateurs de startups que la seule intégration de ChatGPT dans leur produit ne suffisait pas à en faire un concept révolutionnaire, y compris auprès d'investisseurs succombant à la dernière mode. Il me semble important de lancer une alerte similaire dans les grandes entreprises…
Ayant précédemment écrit dans ces colonnes que je considérais bien comme innovante la plate-forme dévoilée voilà un an par OpenAI, mes propos risquent de paraître incohérents (sachant que je n'ai pas changé d'avis depuis le mois de janvier). Pourtant, il est nécessaire de distinguer l'outil déployé à l'intention du grand public, inspirateur de multiples cas d'usage originaux, de l'intelligence artificielle générative que souhaitent maintenant exploiter les jeunes pousses comme les multinationales.
Afin de comprendre mon raisonnement, il faut d'abord souligner ce qu'est cet animal dont tout le monde parle aujourd'hui et qui fait tant fantasmer : il s'agit d'un système algorithmique, fondé sur des mécanismes statistiques, capable de générer des contenus (textes, sons, images, vidéos…) rationnels à partir d'une masse de données qui l'alimente en amont et dont il réplique les caractéristiques. La créativité (réelle) en est donc totalement absente, seul le contexte de mise en œuvre peut faire naître l'innovation.
Or, même sans s'arrêter sur le stade encore largement expérimental du sujet dans l'environnement professionnel, force est de constater que les implémentations concernent essentiellement des applications plutôt basiques. La recherche et le décryptage interactifs d'information ou l'assistant virtuel (pardon, le copilote) tenant une conversation sensée, pour ne citer que ces exemples les plus courants, sont certes des progrès utiles mais ils n'apportent que des améliorations incrémentales pour les utilisateurs.
Ceux, plus audacieux, qui désirent mettre à profit ChatGPT ou l'un de ses équivalents dans l'optique de développer une solution véritablement différenciante doivent reconnaître et admettre que ce composant ne contribuera qu'à la partie émergée de l'iceberg (et encore faut-il qu'il soit correctement « nourri », mais ceci est un autre débat). Le moteur, essentiel à l'innovation, lui, s'appuiera alors sur d'autres technologies, notamment l'apprentissage automatique et les autres approches d'IA, en restant dans le domaine.
Pour l'exprimer en d'autres termes, et pour reprendre une thématique qui m'est chère, l'intelligence artificielle générative n'est pas une baguette magique qui transformerait instantanément un service existant en quelque chose d'extraordinaire. Elle n'est qu'un dispositif supplémentaire au sein d'une immense boîte à outils, permettant principalement d'optimiser la communication entre un humain et des gisements de données. À chacun d'imaginer les circonstances dans lesquelles elle aura un maximum d'impact…
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