Prédiction choc ! Selon Gartner, 80% des produits et services informatiques de l'entreprise seront élaborés par des non professionnels des technologies d'ici 2024. Si l'analyse proposée adopte plus particulièrement le point de vue des fournisseurs, il est tout aussi intéressant de se pencher sur les évolutions du côté des utilisateurs.
Derrière la recherche de sensationnel, il existe une réalité impossible à ignorer : la transformation « digitale » du monde est de plus en plus appréhendée par les dirigeants comme un enjeu global, qui n'est donc résolument plus du ressort exclusif de la direction informatique (DSI). Le mouvement a commencé depuis plusieurs années et il s'est renforcé ces derniers mois avec la pression qu'a exercée la crise sanitaire sur la nécessité de déployer de nombreuses nouvelles solutions en réponse aux attentes des clients.
La tendance se manifeste d'abord par une croissance continue de la part des dépenses réalisées par des décideurs extérieurs à la DSI dans les budgets technologiques : elle s'élèverait aujourd'hui à 36%. L'impact sur le marché est considérable car ces acheteurs expriment des exigences spécifiques, hors des habitudes du secteur (demain, 30 milliards de revenus proviendront de produits nés avec la pandémie), qui, à leur tour, procurent un avantage à des acteurs pour qui l'informatique n'est pas le cœur de métier.
Laissons-là les préoccupations propres aux éditeurs de logiciel et examinons maintenant comment les mêmes facteurs affectent profondément les grands groupes, par exemple de la banque et de l'assurance. Gros consommateurs de technologies, ils sont évidemment en première ligne des changements, selon deux perspectives complémentaires : l'emprise des non professionnels sur la « digitalisation » et la possibilité de devenir eux-mêmes fournisseurs de solutions informatiques, pour les plus avancés d'entre eux.
En arrière-plan de la vague de démocratisation de la création logicielle, l'émergence de nouveaux outils constitue un moteur puissant. La disponibilité de plates-formes de développement sans code (ou presque), d'assistants d'analyse de données, éventuellement équipés d'intelligence artificielle, l'accès à des sources de données et à des API dans tous les domaines d'activité… offrent des opportunités incomparables de reprendre la main, sans dépendre d'une structure dédiée, aux priorités parfois obscures.
Prolongeons le raisonnement, en le combinant avec la (vieille, et un peu oubliée) approche bi-modale de Gartner, et nous aboutissons à une réorganisation complète de l'entreprise « digitale ». D'un côté, sa DSI serait chargée de la mise à disposition d'un socle informatique robuste, composé d'un catalogue de services essentiels et d'une riche boîte à outils. De l'autre, ses directions fonctionnelles, ainsi armées, assumeraient alors la conception et l'assemblage des solutions destinées à leurs collaborateurs et à leurs clients, en focalisant tous leurs efforts sur l'expérience utilisateur.
Deuxième volet de l'équation, le principe pourrait ensuite être décliné dans un modèle de commercialisation de capacités logicielles. Une fois mises en place les interfaces techniques ouvrant la voie à un canal de distribution par intégration logicielle, il s'agirait de bâtir, sur ces fondations, une gamme de produits et services à valeur ajoutée susceptibles de séduire les entreprises et les particuliers à l'affût d'applications utiles pour leur quotidien. Incidemment, là réside le seul espoir de monétisation (indirecte) des API…
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