En quelques mois, les réticences historiques du secteur financier à coopérer dans la lutte contre la fraude semblent s'évaporer, probablement, hélas, en raison des difficultés à enrayer une croissance apparemment inexorable des incidents. Après celles, entre autres, de l'industrie australienne, de Plaid, de Mastercard…, trois des principales banques espagnoles lancent maintenant une initiative conjointe.
Celle-ci prend la forme d'une co-entreprise autonome, baptisée FrauDfense, placée sous une gouvernance répartie entre ses fondatrices, BBVA, CaixaBank et Santander. Sa mission consistera, sans grande surprise, à concevoir et mettre en œuvre les moyens pour ses contributrices de partager avec leurs consœurs, dans le respect scrupuleux de la confidentialité et de la sécurité, les informations utiles à la répression de la fraude, à travers toutes ses dimensions – identité, paiements, services en ligne…
À la différence des approches habituelles de mise en commun de données brutes destinées à, par exemple, entraîner des modèles d'apprentissage automatique pour la détection des malversations, les premiers outils qu'il est prévu de déployer viseront à permettre aux banques de mettre en commun leur connaissance des pratiques frauduleuses qu'elles ont repérées et les mesures de protection qu'elles ont élaborées afin de les repousser. C'est donc leur expertise interne qu'il est ici question de mutualiser.
Au-delà de sa configuration actuelle, la participation à FrauDfense se veut résolument ouverte, à terme (?), non seulement aux autres institutions financières intéressées mais également aux organisations de tous domaines désireuses d'échanger leurs compétences et leurs expériences en matière de fraude. Et, parce qu'il faut bien rassurer les fâcheux qui craignent les accusations de collusion – et justifient de la sorte leur immobilisme –, le projet a été présenté par anticipation aux régulateurs concernés.
Progressivement, face à un phénomène qui paraît impossible à freiner et qui coûte de plus en plus cher, à la fois aux victimes et aux banques, ces dernières prennent conscience qu'il n'est plus raisonnable de jouer chacune dans sa cour, en croyant que leurs capacités de défense constituent un facteur de compétitivité. Elles admettent enfin que la seule solution réaliste pour optimiser la résistance au déferlement d'attaques, dont le traitement peut rapidement devenir onéreux, est l'union de leurs forces.
Enfin, alors que les démarches similaires sont généralement orchestrées par pays, y compris quand elles émanent d'entités globales (quitte à être répliquées), les trois établissements espagnols insinuent que FrauDfense pourrait adopter une perspective internationale. Il est vrai que son modèle focalisé sur le partage d'expertise, plus facile à transposer que des données à analyser, se prête particulièrement à une telle extension. Il s'agit aussi d'un facteur important en vue de maximiser la valeur des collaborations.
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