En dehors de campagnes de sensibilisation, les institutions financières se trouvent largement démunies dans la lutte contre les arnaques au paiement, qui connaissent une croissance constante. Au Royaume-Uni, Mastercard propose une nouvelle méthode, à base d'intelligence artificielle (évidemment !), afin de traiter le problème à la source.
Depuis les fausses romances virtuelles jusqu'aux offres promotionnelles fictives, les escroqueries au versement volontaire de fonds qui fleurissent en ligne sont d'autant plus difficiles à repérer et contrecarrer que, du point de vue des banques qui exécutent, à la demande de leurs clients, les mouvements correspondants, ces derniers ont toutes les apparences de la légitimité, surtout quand ils transitent par des comptes « mules », afin d'échapper à une détection rapide par signalements multiples concordants.
L'outil développé par Mastercard, dans le prolongement de ses efforts antérieurs destinés à identifier et faire fermer les comptes incriminés, s'attelle désormais à anticiper le risque. Pour ce faire, il analyse les informations disponibles – dénomination, historique des transactions, de leurs montants, de leurs provenances et destinations, relations avec d'autres cas de litige… – de manière à estimer la probabilité qu'une opération demandée par une victime potentielle soit effectivement liée à une tromperie et la suspendre.
Naturellement, pour remplir son office, le système est préalablement alimenté et entraîné sur un vaste gisement de données de paiements de compte à compte. En l'occurrence, c'est grâce à une collaboration avec 9 banques britanniques (dont Lloyds Bank, Halifax, Bank of Scotland, NatWest, Monzo, TSB…) que Mastercard l'a mis au point, jouant apparemment de la sorte un rôle de tiers de confiance, plus ou moins indépendant, pour la mise en commun et l'exploitation de cette matière première hautement sensible.
Pionnière dans l'adoption de la solution, TSB, affirme sans équivoque, après quatre mois de mise en œuvre, que les résultats sont au rendez-vous. Selon ses estimations, environ 20% des incidents sont détectés, ce qui équivaudrait pour l'ensemble du marché, au Royaume-Uni, à près de 100 millions de livres sterling de vols évités (sur un total de 485 millions, en 2022, répartis sur plus de 200 000 affaires individuelles et représentant aujourd'hui environ 40% des pertes par fraude bancaire dans le pays).
Avec sa démarche, Mastercard démontre, s'il était encore nécessaire, la valeur indéniable d'une coordination à l'échelle de l'industrie dans la lutte contre la fraude (à travers toutes ses dimensions, incidemment) et évalue dès maintenant les possibilités de déployer son expérience dans d'autres régions du monde. La généralisation de ces collaborations devient urgente alors que les criminels tendent de plus en plus à prendre l'avantage dans la bataille qui se joue autour de l'argent des consommateurs.
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