Alors qu'elle a déjà mis fin à son aventure dans la banque de détail, incarnée par Marcus, des rumeurs insistantes prêtent (logiquement) à Goldman Sachs des velléités de sortir de son partenariat sur la carte de crédit d'Apple. Ce qui pourrait laisser à cette dernière les coudées franches pour son développement dans les services financiers.
Le revirement de la banque américaine ne constitue pas une réelle surprise. Depuis ses débuts, sa collaboration faisait face à des vents contraires, entre, principalement, une irruption dans un métier qu'elle ne connaissait pas auparavant et les conditions très exigeantes imposées par la marque à la pomme. La combinaison de ces deux facteurs a vraisemblablement engendré des pertes considérables, auxquelles, dans le contexte actuel de resserrements budgétaires généralisés, il devient urgent de mettre un terme.
La grande question qui se pose à ce stade est de savoir comment Apple, qui semble toujours déterminée à poursuivre sa pénétration du marché des cartes de crédit, entre autres, peut réagir à cet arrêt. En tête des pistes évoquées figurent celle d'American Express, apparemment sollicitée par Goldman Sachs pour la reprise de son activité, et celle de JPMorgan Chase. Néanmoins, ces prétendants seraient réticents aux modalités d'un accord avec Apple, notamment l'absence de leur marque sur le produit.
L'hypothèse qui prévaut donc désormais, stimulée par la démarche entièrement autonome mise en branle pour le lancement en 2022 de sa solution de paiement fractionné, verrait la firme californienne prendre en charge les opérations de bout en bout, en s'appuyant (via une acquisition ?) sur un petit établissement pour les aspects réglementaires. Il est clair que, du point de vue d'une entreprise obsédée par l'expérience utilisateur, cette option fournit le meilleur moyen de contrôler la (quasi) totalité des parcours et processus.
La chronologie de la stratégie d'Apple paraît particulièrement propice à une telle évolution. Les quatre années d'expérience acquises avec Goldman Sachs représenteraient un excellent apprentissage, via une sorte de « MVP » (produit minimum viable), marqué par quelques accrocs et les ajustements correspondants. La rupture du contrat étant, selon les spécialistes, encore lointaine (jusqu'à 18 mois), la construction d'une offre de substitution pourrait être menée dans une relative sérénité.
Libérée des contraintes d'une institution financière traditionnelle (même novice sur ce terrain spécifique), la prochaine itération de l'Apple Card pourrait renforcer son avantage concurrentiel et ainsi accroître la pression sur une industrie léthargique, dont les seules idées d'innovation tournent en général autour de leurs programmes de récompense.
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