Pionnière de l'émission instantanée de cartes de paiement, U.S. Bank n'en finit pas d'enrichir et raffiner le concept. Après l'avoir décliné à l'intention des télétravailleurs, à l'occasion de la crise sanitaire, sa dernière trouvaille consiste à le mettre à la disposition des entreprises sous forme d'API, au service de cas d'utilisation originaux et diversifiés.
Naturellement, l'établissement américain n'est pas le premier à exposer une interface technique afin d'intégrer facilement, dans n'importe quelle application, la création, le paramétrage et le pilotage de cartes de débit ou de crédit. La jeune pousse Marqeta, entre autres, offre une telle possibilité depuis 2014, et il est tentant de réagir à l'annonce et ses relents de déjà vu par un « enfin ! » bien senti. Il faut reconnaître que les caractéristiques du produit sont similaires à celles qu'on connaît depuis longtemps.
En l'occurrence, ce qui distingue véritablement la fonction « Card as a Service » est son positionnement. Ainsi, il n'est plus seulement question d'automatiser la fourniture de moyens de paiement, à des populations spécifiques, pour des usages relativement classiques mais de proposer un moyen universel de distribuer de l'argent, y compris ponctuellement, en particulier dans les situations (nombreuses) où les mécanismes existants s'avèrent complexes à mettre en œuvre ou insuffisamment flexibles.
Les options de configuration intégrées sont donc essentiellement centrées sur cet objectif. D'abord, en ligne avec la promesse d'immédiateté, seule est prévue l'émission de carte virtuelle, à installer dans un porte-monnaie mobile (Apple Pay ou Google Pay). Puis vient la définition (a priori classique) de la date de validité et des autres limites, par montant précis, par catégorie ou code marchand. En arrière-plan, chaque transaction génère une trace détaillée, garantissant un suivi optimal des dépenses réalisées.
Avec cet arsenal, une compagnie aérienne pourra, par exemple, attribuer, automatiquement et en temps réel, un subside aux passagers d'un vol retardé, qui leur permettra de faire face à leurs frais imprévus (restauration, hébergement…). Elle aura la faculté de fixer exactement les achats éligibles (jusqu'aux commerces présents dans le terminal de l'aéroport, le cas échéant) et de la faire expirer dès l'embarquement effectué, les montants étant prélevés sur son compte bancaire au fur et à mesure des paiements.
Un autre cas imaginé par la banque s'adresserait à une entreprise d'acheteurs personnels, qui pourrait de la sorte simplifier ses opérations. Chaque fois qu'une demande d'un de ses clients est confiée à un employé (ou un prestataire indépendant), elle octroie à ce dernier une carte dédiée à cette seule commande, grâce à laquelle ses processus de gestion, de facturation et de réconciliation peuvent être pris en charge par logiciel, sans la moindre intervention manuelle et sans risques d'erreur.
Assez subtilement, l'initiative de U.S. Bank tente de répondre au dilemme auxquels font souvent face les acteurs susceptibles de partager leurs services par API comme ceux à qui ils sont destinés. Quand ne sont envisagés que des contextes d'utilisation historiques, leur bénéfice paraît réduit. À l'inverse, il est difficile de les projeter dans des applications inédites, où leur introduction n'est pas directement évidente. C'est sur ce dernier aspect que la « Card as a Service » injecte une impulsion capable de stimuler l'inspiration…
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