Amazon annonce une avalanche de nouveautés à l'occasion du dixième anniversaire de sa conférence AWS Re:Invent, parmi lesquelles je retiens plus particulièrement le lancement d'une solution dédiée à la modernisation des « mainframes » historiques, encore si souvent présents dans les infrastructures des grandes institutions financières.
Naturellement, la tentation est irrésistible pour les géants de l'infonuagique de capturer un immense marché qui leur échappe totalement, en partie parce que leurs utilisateurs refusent d'admettre que leurs vieux systèmes informatiques, dont seul IBM (je crois) persiste à les produire, handicapent leur développement et méritent d'être remplacés, mais aussi, dans des cas de plus en plus fréquents, parce que la décision d'une mise à la retraite est trop lourde de conséquences, entraînant une procrastination délétère.
C'est à ces deniers que s'adresse donc aujourd'hui Amazon, en leur promettant d'aplanir les difficultés, de réduire les risques et de modérer les coûts d'une transition vers ses plates-formes, qui leur permettront de bénéficier, pour une des parties les plus critiques de leur système d'information, des avantages connus du « cloud computing », à savoir l'agilité (l'accès instantané aux ressources), l'élasticité (l'adaptation dynamique des capacités aux sollicitations) et la maîtrise budgétaire (grâce à la facturation à l'usage).
Pour convaincre et séduire un maximum de décideurs, l'offre « AWS Mainframe Modernization » se décline en deux paliers distincts. Les plus hésitants pourront ainsi se contenter d'un portage direct de leurs applications sur les infrastructures d'Amazon, sans (presque) aucune intervention à prévoir sur le code. En amont, un assistant propose d'établir un diagnostic afin de vérifier la compatibilité et, en aval, des facilités de test sont mises à la disposition des équipes pour automatiser la recherche de régressions.
Puis, pour les responsables qui ont déjà choisi d'engager une vraie modernisation de leur patrimoine (ou d'une partie de celui-ci), qui souhaitent non seulement abandonner les anciennes générations de matériel mais également réaligner leurs catalogues de logiciels sur les pratiques d'architecture modernes, s'ajoutent à ces briques de base une batterie d'outils destinés à préparer, guider, accompagner et industrialiser la réorganisation des composants vers un modèle de services élémentaires flexibles à l'état de l'art.
Disponible en avant-première dans une poignée de régions, pour un déploiement généralisé progressif dans les prochains mois, la solution a été mise en œuvre avec succès par la brésilienne Banco Inter. Bien que née en 1994, ses activités de paiement par carte opéraient sur un « mainframe », jusqu'à cette bascule sur la plate-forme d'Amazon, d'abord à travers un transfert « en l'état », les moyens de développement évolués étant pour l'instant réservés à la création de fonctions supplémentaires.
Si Amazon est loin d'être la première entreprise à s'engager sur le terrain de la migration des grands systèmes (comme on les appelait autrefois), elle est certainement une des plus importantes et elle peut faire valoir un modèle économique attractif, puisque l'ensemble du dispositif de conversion est gratuit, seule la puissance de calcul consommée étant facturée. En face, IBM, coincée entre ses désirs de préserver une niche juteuse et ses velléités de se positionner sur l'infonuagique, incapable par conséquent de présenter une vision d'avenir équivalente, risque de souffrir doublement…
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