En 2022, ce sera donc au tour de Swift, la coopérative en charge de la messagerie universelle de l'industrie bancaire, d'essayer de trouver une place dans l'univers des actifs « digitaux », dont le concept, né avec le bitcoin et son principe de monnaie libertaire décentralisée, se trouve décidément sur la voie d'une normalisation à grande échelle.
L'appétit croissant des établissements historiques pour cette classe émergente de supports ne peut surprendre. Bien qu'ils ne représentent aujourd'hui qu'une fraction infime de la capitalisation des cryptomonnaies, certains experts prédisent un brillant avenir aux actifs « tokenisés » – avec des estimations de volumes en circulation atteignant jusqu'à 24 000 milliards de dollars dans les 5 ans – prometteur de revenus considérables à tous les intermédiaires qui parviendront à s'immiscer dans la chaîne de valeur.
À côté des banques, qui commencent (timidement) à se positionner avec leurs métiers habituels, distribution, conservation, voire émission, Swift (comme Visa avec les échanges de devises) perçoit une opportunité dans l'interopérabilité entre les participants aux transactions. Dans cette optique, elle prépare une série d'expérimentations, pour les prochains mois, autour des processus de livraison contre règlement, via les modes de paiement traditionnels ou au moyen de monnaies digitales de banque centrale (MDBC).
Oubliez donc vos rêves de révolution : la finance de demain est bien partie pour devenir exactement la même que celle d'hier, avec ses médiateurs conventionnels et quelques nouveaux venus, tous grassement rémunérés, indispensables pour lisser les défauts que la technologie n'aura pas réussi à éliminer. Seule différence, les instruments échangés sont de moins en moins adossés à des actifs réels, et de plus en plus à des chimères virtuelles. Mais quelle importance quand il s'agit de gagner de l'argent ?
Derrière cette emprise grandissante des institutionnels, il faut aussi reconnaître l'échec patent du modèle numérique sous-jacent. Son seul véritable intérêt consistait à fluidifier les interactions entre intervenants, en exploitant des mécanismes de communication directs, sécurisés, en temps réel… De ce point de vue, la réalité est extrêmement décevante, avec ses développements anarchiques et incohérents, introduisant toujours plus d'opacité et engendrant plus que jamais des besoins d'intermédiation complexe.
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